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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce vendredi, il estime que l’Exécutif est extrêmement timoré sur la loi contre les séparatismes.

C’est donc le jour J pour le grand discours d’Emmanuel Macron sur le séparatisme.
Il a été silencieux depuis si longtemps sur ce sujet, qu’il aura certainement beaucoup de choses à dire. Comme il a repoussé plusieurs fois ce rendez-vous avec les Français sur un sujet qui les taraude, comme nous vivons dans un moment marqué par le procès Charlie Hebdo, par l’attentat de vendredi dernier et par la réactivation de la menace islamiste, la pression sera forte.

Sait-on pourquoi Emmanuel Macron a attendu, jusque-là ?

Par prudence. En France, la question de la laïcité est devenue une sorte de monument qu’on ne déplace qu’avec crainte. La Loi de 1905, qui organise la séparation de l’Église et de l’État, a beau avoir été modifiée une bonne quinzaine de fois, elle est réputée intouchable. Et nous, Français, avons tellement théorisé la laïcité, le rapport à la religion, la place du sacré dans notre vie publique, et la liberté de croire ou pas, que chaque initiative provoque des débats interminables. Regardez par exemple la question du voile pour les mamans qui accompagnent les sorties scolaires. Que de querelles… Avec un résultat, c’est que l’on n’aborde ces sujets que la main tremblante. Ou plutôt, le résultat, c’est qu’on ne les aborde pas du tout. Et qu’on laisse le champ libre à ceux qui veulent profiter de cet immobilisme de la République.

De l’islamisme ?

Oui, c’est-à-dire de cette dérive de l’islam, en ce qu’il porte un projet politique qui se veut en marge des règles de la République. On peut appeler ça le communautarisme, le séparatisme (c’est le mot choisi par le chef de l’Etat), mais à la fin, le vrai sujet, le vrai danger, c’est en effet la montée en puissance et la quasi-impunité de l’islamisme radical. C’est ce phénomène qu’Emmanuel Macron va cibler aujourd’hui, en annonçant le dépôt dans les semaines qui viennent d’un projet de loi.

Et ça va tanguer ?

C’est probable, oui. Entre les tenants de la laïcité à tout crin, et ceux qui craignent que l’on stigmatise les musulmans et qui (en réalité) défendent une sorte de communautarisme, le débat est éruptif, y compris au sein de la majorité. Et le risque, c’est que, pour apaiser ce débat, le chef de l’État essaye de faire du en même temps. Qu’il impose par exemple des règles strictes pour l’organisation du culte musulman, en les étendant (en même temps) aux autres religions qui vivent pourtant très tranquillement. Ou encore, que sous prétexte d’éviter tout amalgame entre les musulmans et ceux des leurs qui dévoient cette religion dans un but politique ou terroriste, il parle de tous les séparatismes en même temps, religieux et sectaires, régionalistes, politiques aussi (il y a bien quelques micro-partis activistes qui rejettent la République). Cette façon de dissoudre tout dans tout, cette façon de masquer la cible principale serait un très mauvais signal dans la lutte contre l’islamisme radical.