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Chaque samedi et dimanche, Nicolas Beytout, directeur du journal "L'Opinion", donne son avis sur l'actualité de la semaine.

Vous avez aimé le lancement cette semaine d’une grande opération nettoyage dans les rouages de l’Etat.

Oui, et cela après qu’Emmanuel Macron ait annoncé, il y a quelques semaines dans sa conférence de presse, son intention de réduire la dépense publique, en faisant la chasse entre autres à ce qu’on appelle les Comités Théodule…

Ah, les "Comités Théodule". C’est De Gaulle, je crois, qui est l’auteur de cette formule ?

Exact, il avait eu cette tirade en parlant de lui-même : "l’essentiel n’est pas ce que pense le comité Gustave, le comité Théodule ou le comité Hippolyte, pour le Général De Gaulle, l’essentiel est ce qui est utile aux Français". Les Comités Théodule sont donc censés depuis cette époque faire partie des machins inutiles. Et régulièrement, nos gouvernements promettent de s’attaquer à leur surnombre, à débusquer les organismes bidon, ceux qui n’ont qu’une existence virtuelle, mais un budget bien réel, évidemment.

Et il y en a combien ?

Edouard Philippe parle de 1.200 commissions, comités, agences, organismes de tous genres. Un véritable maquis, qu’on peut essayer de défricher en les classant en 3 catégories. Il y a d’abord la plus symbolique, celle dans laquelle se trouve les organismes de circonstance, les observatoires plus ou moins fictifs créés pour répondre à un pic d’actualité ou une pression de l’opinion. Je pense par exemple au Haut Conseil pour le Climat, créé cet hiver par le chef de l’Etat alors qu’il existe déjà un Conseil National de la transition écologique. Parmi les deux, qui fait quoi ? Mystère.

Je peux aussi vous citer l’Observatoire des jeux, le Conseil national des opérations funéraires (1 réunion en 2017 / ça doit être gai) ou la Commission nationale des professions foraines et circassiennes, placée auprès du Premier ministre, et qui ne s’est semble-t-il jamais réunie en 4 ans. La réalité oblige à reconnaître que ces machins sont quand même de moins en moins nombreux. En 10 ans, leur nombre a même été divisé par deux, passant de 800 à un peu moins de 400.

Quatre cents ! C’est tout de même beaucoup.

Oui, mais ce ne sont pas ceux qui coûtent le plus cher. Entre 23 et 25 millions par an, ce qui à l’échelle du budget est faible. Non, pour faire des économies, il devra plutôt imposer des cures d’amaigrissement dans les 2 autres catégories : parmi les 26 autorités administratives indépendantes (le CSA, la Commission informatique et libertés, par exemple), et parmi les 484 opérateurs de l’Etat (Pôle Emploi, le CNRS, Météo-France, l’Institut national de ceci/cela). Budget total 50 milliards d’euros.

Et la proposition d’Edouard Philippe, c’est de supprimer toutes les structures qui compte moins de cent collaborateurs. Bonne et mauvaise idée à la fois : une petite structure peut-être très agile, très efficace, très productive, là où une plus grosse pourra être inutile. Et puis, il faudra se gendarmer : rien que l’an dernier, le gouvernement a créé 6 nouveaux opérateurs publics. Et Emmanuel Macron vient lui-même, il y a 2 jours, d’annoncer la naissance d’un nouveau machin : l’Observatoire de l’artificialisation des sols. Chassez le naturel…il revient au galop.