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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce jeudi, il s'intéresse à la montée des tensions entre les écolos et la gauche et entre les écolos et En Marche.

Ce mercredi, Jean Castex a reçu une délégation des membres de la Convention Citoyenne pour le Climat à Matignon.

L’objectif est de faire un point d’étape sur la mise en œuvre de 146 des 149 mesures que cette assemblée de citoyens avait proposées pour infléchir la politique du gouvernement en matière d’environnement. À l’époque, au grand agacement d’Édouard Philippe qui était encore Premier ministre, Emmanuel Macron avait promis d’appliquer toutes ces recommandations "sans filtre", avait-il même précisé. C’est cette promesse que Jean Castex, désormais à Matignon, doit concrétiser.

Sauf que ça ne se passe pas tout à fait comme ça.

Eh non. C’était bien joli d’entendre le Président dire "Je prends tout", comme ça, devant les membres de la Convention Citoyenne assis, tout souriants, sur l’herbe bien verte des jardins de l’Élysée. Un moment sûrement magique pour ces apprentis climatologues, mais une promesse imprudente et largement intenable. Et depuis cette date, deux logiques s’affrontent : celle des défenseurs des 146 propositions et celle des ministres qui n’ont en réalité qu’un objectif : faire le tri dans tout cet inventaire et tuer dans l’œuf ce qui leur semble inapplicable. Par exemple, la taxe au poids sur les ventes de voitures, qui est stupide quand on sait ce que pèsent les batteries des voitures électriques, l’interdiction à des secteurs entiers de l’économie de faire de la publicité dans un contexte où les médias sont tellement fragiles, la taxe sur les billets d’avion alors que le patron d’Air France nous a expliqué que ça coûterait 1,5 milliards d’euros par an à sa compagnie, déjà au bord du gouffre.

Le gouvernement affirme pourtant qu’il a déjà traduit concrètement certaines demandes de la Convention.

Oui, avec habileté, il noie des mesures précises dans des grandes généralités. Par exemple, il souligne que 30 milliards d’euros du plan de relance iront vers les investissements verts. Qui dit mieux ?

Ben justement : qui dit mieux ?

Les écolos, bien sûr. Ils sont furieux contre Emmanuel Macron, qu’ils accusent d’être coupable de piétiner ses engagements devant la Convention Climat. C’est d’ailleurs un peu leur nature, les Verts, d’être contre. Ils sont contre les socialistes et rejettent toute alliance avec le PS. Ils estiment que c’est eux l’avenir, et les autres le passé. Ils sont contre la République en Marche. Plusieurs députés, élus sous l’étiquette Macron, sont partis et ont fondé un groupe parlementaire d’opposition à gauche, qui multiplie les propositions de loi et les tribunes virulentes dans la presse. Depuis leurs victoires aux élections municipales, ils ont pris la grosse tête, et avancent crânement leur dispositif en refusant d’être solubles dans la politique. C’est un problème pour Emmanuel Macron : avec la Convention Climat, il pensait avoir coché la case verte. En réalité, en endossant des promesses intenables, il a offert un angle d’attaque facile aux écologistes aux yeux desquels personne n’en fera jamais assez.