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Le président de la République ne fait pas confiance aux syndicats et il a raison parce qu’ils ne contrôlent pas leur base.

Les grèves de la SNCF continuent, en particulier sur le réseau Sud-Ouest qui dépend de la gare Montparnasse. Les prévisions de trafic sont toujours aussi difficile avec un TGV sur trois ce mardi.

Après les grèves surprise et les départs en vacances pourris pour des dizaines de milliers de voyageurs à la suite de l’accident de train des Ardennes, ce sont maintenant 200 agents du centre technique de maintenance des TGV sud-ouest qui bloquent le trafic. Une nouvelle grève sans préavis, et illégale donc, une grève thrombose déclenchée dans un atelier pour s’opposer à la modification de jours de vacances et de permanences. Un projet pourtant retiré par la direction, depuis plusieurs jours, mais sans que cela fasse revenir les grévistes au boulot.

Pourquoi ? Parce qu’ils ont d’autres revendications ?

Officiellement, oui. Ils exigent le paiement des jours de grève, ce qui est pourtant clairement interdit par la loi. Mais officieusement, comme on est à seulement cinq semaines de la grève programmée de la SNCF contre la réforme des retraites, on peut naturellement soupçonner les grévistes de vouloir installer un rapport de force.

Nicolas Beytout parle des "grévistes" et pas des "syndicats". Les syndicats ne sont pas impliqués dans cette affaire ?

Si, mais par raccroc. Ce ne sont pas eux qui ont déclenché le droit de retrait après l’accident du passage à niveau dans les Ardennes, pas eux qui ont porté les revendications de l’atelier de maintenance TGV. Mais ils ont très vite surfé sur le mouvement plus ou moins spontané de la base et lui ont donné un caractère, une envergure nationale. Philippe Martinez a passé son temps à dire que "non-non, la CGT n’y était pour rien, que c’était les vrais gens qui en avaient ras-le-bol". Le leader de FO, Yves Veyrier a expliqué au micro de Matthieu Belliard qu’il soutenait les grévistes (pendant qu’il parlait, on le voyait presque courir après les grévistes en leur criant "Moi aussi je suis avec vous"). Quant à Sud-Rail, très implanté dans l’atelier de maintenance des TGV, ils expliquent que le refus d’arrêter la grève est la décision de la base, et d’elle seule. Bon, il y a comme toujours dans ces circonstances une part de double langage, mais la vérité c’est que probablement une partie du mouvement leur a échappé.

Ils expliquent qu’il y a une profonde colère dans le pays.

Possible. Mais revenons quelques semaines ou quelques mois en arrière. Les syndicats n’arrêtaient pas de se plaindre d’être ignorés par Emmanuel Macron. "Les corps intermédiaires étaient méprisés", disaient-ils. Bon, le chef de l’État a fini par les recevoir, il s’est entretenu avec les leaders syndicaux. Et qu’est-ce que ça a changé ? Pas grand-chose, la preuve : ces grèves incontrôlées. Si les syndicats voulaient démontrer qu’ils sont utiles dans le dialogue social et qu’ils ne tiennent pas un double discours, leur intérêt devrait être, en urgence, de tout faire pour arrêter les grèves sauvages à la SNCF.