2:33
  • Copié

Chaque matin, Nicolas Beytout, le directeur du journal "L'Opinion" analyse l'actualité politique et nous livre son point de vue. Ce mercredi, il s'intéresse au piège que représente selon lui le projet de loi climat pour la majorité et Emmanuel Macron.

Le Conseil des ministres examinera ce matin le projet de loi issu des travaux de la Convention citoyenne sur le climat...

"Oui, un texte issu, ou plutôt dérivé des propositions de ces 150 Français tirés au sort et tous devenus des fans de l’écologie. Dérivé parce que, fort heureusement, les 65 articles du projet de loi seront beaucoup plus équilibrés, moins jusqu’au-boutistes que les 149 propositions initiales de la Convention. A condition, bien sûr, que le texte qui sera adopté tout à l’heure ne soit pas dénaturé lors de son passage à l’Assemblée.

Dénaturé ? Parce qu’il y aura beaucoup d’amendements ?

C’est à prévoir, oui. D’abord parce que c’est devenu le passe-temps favori des députés (il y a eu 1.878 amendements à la loi sur les séparatismes). Et sur le climat, sujet universel, chacun va vouloir y aller de sa petite idée. Le pire est à craindre, sur la 5G ou le glyphosate par exemple. Les groupes de pression, les lobbies écolos qui avaient trouvé un terrain tellement manœuvrable auprès de la Convention citoyenne, vont revenir à la charge pour reverdir le texte. Les grandes voix et les belles consciences du militantisme écolo se sont déjà mobilisées pour dire que ce texte n’était pas assez ambitieux. Les amendements vont donc se multiplier, comme autant de procès en timidité intentés à Emmanuel Macron. Voilà pour les attaques à venir de la gauche…

Et je suppose qu’il y en aura aussi en provenance de la droite ?

Bien sûr. Par exemple de la part de tous ceux qui s’inquiètent des surcoûts que certaines mesures sur le logement, les transports, l’énergie, vont infliger aux familles. Et tout le monde aura en tête le redoutable précédent de la taxe carbone et des gilets jaunes…

Tel que vous le présentez, tout ça ressemble à un piège pour la majorité…

Absolument. Un piège dans lequel Emmanuel Macron s’est mis tout seul. C’est lui qui a voulu cet exercice de démocratie directe avec la Convention citoyenne et c’est lui qui, pour éviter de les affronter, leur a promis monts et merveilles. C’est lui qui doit maintenant, dans une sorte de deuxième round, affronter la démocratie parlementaire sur un sujet où les surenchères à gauche, et où les corrections à droite ne vont pas manquer.

Et le pire, c’est que plusieurs bombes pourraient être posées par des parlementaires de sa propre majorité. C’est un moment important du quinquennat. Celui où le probable futur candidat à sa réélection va tenter de coudre solidement sur son costume de Président sortant ses médailles de bon soldat de la cause écolo. Et cela sous la mitraille de ceux qui pensent qu’il n’en fera jamais assez, et de ceux qui assurent qu’il en fait toujours trop. Dans certains cas, c’est vraiment une fâcheuse posture que celle du en-même-temps."