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Mardi, Édouard Philippe a pris la parole pour annoncer le plan de déconfinement du gouvernement. Un discours qui a reçu des ondes positives de la part de l'opinion publique. Le style Philippe reste sobre, sec et précis.

Avec vous on reparle de l’intervention d’Edouard Philippe à l’Assemblée nationale. C’était un discours vraiment très attendu. Vous l’avez trouvé bon ?
Oui, c’était un bon discours. Alors, attention, pas flamboyant pour 2 sous, pas d’envolée lyrique, pas de fioritures oratoires. Non, le style Philippe reste sobre, sec parfois, précis en tout cas.

C’est un peu ce qu’on attendait de lui, non ?

Oui, on voulait savoir ce que serait le déconfinement (qui sera plutôt un régime de confinement un peu moins strict, en réalité). En tout cas, on connaît maintenant les grandes lignes du plan de retour progressif à la liberté, secteur par secteur, département par département, marche par marche. Une toutes les 3 semaines, a dit le Premier ministre…
Contrat rempli, donc ?

Oui, même s’il reste beaucoup d’éléments à préciser, mais c’est vrai : on connaît la matrice dans laquelle notre vie devra provisoirement se couler. Mais, puisque vous parlez de contrat, Edouard Philippe avait un autre chapître du contrat à remplir. Une partie qui n’est pas forcément ce que les Français attendaient en priorité, mais qui est pourtant très importante pour la suite. Pour la première fois depuis le début du confinement, Edouard Philippe a fait un discours avec de la politique dedans. Jusqu’à présent, ses interventions se déroulaient sur le mode « tableau excel », avec des chiffres, des courbes, des témoignages de médecins, et beaucoup de « je ne sais pas » pour exprimer les doutes qu’il avait sur la conduite de la crise, des doutes calés sur ceux, tellement nombreux, des scientifiques. On était à chaque fois sur le mode feuille de route pour les jours à venir. Point. Eh bien, hier, changement de posture, et retour du Premier ministre en politique.

Ça s’est manifesté comment ?

De plusieurs manières. Par exemple en répondant, souvent avec ironie, à tous ceux qui l’avaient critiqué, tous ceux qui (dit-il en se moquant) savaient évidemment comment le virus allait se propager et qui se répandaient sur les plateaux des chaînes d’infos. Ou encore en désamorçant le piège politique du traçage, vous savez le suivi du virus avec votre téléphone portable. La majorité avait enchaîné les errements, promettant à l’Assemblée un débat, puis un vote, puis pas de vote. Bon, finalement, le Premier ministre a annoncé un vote spécifique sur le traçage et sur les risques pour les libertés individuelles. Fin de la polémique de l’opposition.
Vous disiez que ce chapître politique du discours d’Edouard Philippe était très important pour la suite…

Oui, très. Vous avez sûrement noté le ton général, du Premier ministre et (à plusieurs reprises) ce recours à la notion de liberté en échange de la responsabilité, la notion de volontariat aussi. Je vous donne de la liberté si vous savez être responsables individuellement et collectivement. C’est un cadre idéologique plutôt libéral, et assez largement macronien. A un moment où des tensions sont apparues entre Emmanuel Macron et Edouard Philippe, entendre le Premier ministre mettre ces idées en avant n’est sûrement pas anodin.