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Chaque samedi et dimanche, Nicolas Beytout, directeur du journal "L'Opinion", donne son avis sur l'actualité de la semaine.

Vous avez aimé une note du Ministère des Finances sur l’état de nos finances publiques…

Oui, un document qui a été élaboré pour préparer le grand débat national. Une note extrêmement bien faite, très didactique, qui reprend beaucoup de chiffres qu’on connaît tous en détail, ou presque, mais qui les présente sous un jour assez largement différent. Par exemple, on sait (on le dit souvent sur cette antenne) que les prélèvements obligatoires atteignent 45,3% de toute la richesse nationale, et on sait aussi que la France est LE pays riche où les impôts et les taxes sont les plus lourds. Ça, c’est la présentation classique, habituelle…

Et dans la note de Bercy, ça donne quoi ?

D’abord, le ministère des Finances rappelle que cette pression fiscale a augmenté sans arrêt depuis 50 ans. Ce qui veut dire que tous ceux qui travaillent aujourd’hui, tous, ont payé chaque année plus d’impôts et de taxes que l’année précédente. C’est vertigineux. Autres chiffres-choc, ils concernent la répartition de cet argent qui est prélevé.

"Ce qu’ils font de notre pognon" comme disait Jacline Mouraud dans cette vidéo qui a un peu lancé le mouvement des Gilets jaunes ?

Exactement. Le ministère a utilisé une méthode simple : vous prenez 1000 euros, et vous regardez où va "le pognon". La majorité de cet argent va à la protection sociale : d’abord aux retraites (268 euros sur les 1000 collectés). Ensuite à l’assurance-maladie (191 euros). Et au total, si on y ajoute les prestations familiales, le chômage, les aides au logement, le RSA , la prime d’activité, sur nos 1000 euros, il y en a déjà 575 qui ont été dépensés.

C’est le fameux "modèle social français"...

Oui, ce choix de la France qui est basé sur la redistribution. Et de fait, 575 euros de protection sociale, c’est quasiment 10 fois plus que ce qu’on consacre à l’école (60€), dix fois plus que ce que coûtent les administrations publiques (les préfectures, les ambassades, l’Etat). Et Bercy précise au détour d’une phrase que les dépenses relatives à l’Assemblée, au Sénat, au gouvernement, le fameux train de vie des députés et des sénateurs, les frais des ministres et des cabinets, se montent à… 1 euro. Un sur mille. Vous voyez, ce grand rêve des Gilets jaunes de redresser les finances de la France en taillant dans le salaire des députés, "c’est de la pipe !" comme dirait Macron.

Mais les Gilets jaunes demandent aussi plus de justice fiscale ?

Exact. Et là encore, le ministère des Finances remet quelques pendules à l’heure. Grâce à la redistribution, le niveau de vie des 20% de Français les plus pauvres est augmenté de près de 75%. Leur revenu passe d’un peu plus de 500 euros à un peu moins de 1000 euros. Et ceci en partie grâce à l’impôt sur le revenu. Et pour se faire un point de vue sur la justice fiscale, et nourrir le grand débat national, voici des ordres de grandeur sur lesquels on peut réfléchir : en bas de l’échelle, là où on reçoit de l’argent, 1 Français sur 5 a un revenu qui dépend à 40% des aides ; et en haut de l’échelle, 1 Français sur 10 paye presque les 3/4 de tout l’impôt sur le revenu, soit 55 milliards d’euros.