3:14
  • Copié

Trop pauvres pour être aidés et pas assez riches pour être choyés, les cadres pourraient se mobiliser dans les urnes lors des prochaines élections municipales.

Alors que l’on redoute les actions des Gilets jaunes ce samedi, en particulier à Paris. Nicolas Beytout affirme qu’une autre petite musique est en train de monter sur le thème "et les cadres dans tout ça ?".

Les cadres, ces éternels oubliés des politiques. Alors certes, les cadres ont une situation générale qui est bien meilleure que les Gilets jaunes. Ils ne sont pas spécialement à plaindre en ce qui concerne leur pouvoir d’achat, leurs fins de mois, leur accès aux soins, à l’éducation ou aux loisirs. Tout cela est vrai. Ils restent connectés avec leur époque, ils sont mondialisés, ils sont comme on dit des "insiders", dans le système.

Mais ? Car il y a un "mais"…

En effet, un gros bémol. Les cadres sont mal traités par le pouvoir. Dernière petite agression en date, celle de deux députés de la majorité qui veulent restreindre le crédit d’impôt pour les employeurs à domicile qui ont un bon salaire, les cadres donc. Ce genre de mesure ciblée, on les compte par dizaines. La taxe d’habitation, qui ne baissera pour eux (si elle baisse un jour) que pendant le prochain quinquennat. D’ailleurs, ça ne concernera pas les résidences secondaires. Plus raide encore, ils seront les victimes de la réforme de l’assurance-chômage puisqu’ils seront les seuls à subir une dégressivité de leurs allocations. Et ce que l’on voit poindre de la réforme des retraites, c’est une vraie menace sur celle des cadres (qui entrent souvent plus tard sur le marché du travail à cause de leurs études) et des professions libérales. Passons sur la politique familiale et les allocations mises sous conditions de ressources. Ça fait beaucoup.

Effectivement, ça fait beaucoup !

Nicolas Beytout s’arrête là, mais il pourrait aussi citer le crédit d’impôt transition énergétique qui leur sera supprimé en 2020. C’est simple, ils n’ont pas eu les mesures de soutien pour les catégories sociales les plus populaires et ils ont les inconvénients des mesures ciblées sur les catégories aisées. Or ce ne sont pas eux les grands bénéficiaires de la suppression de l’ISF, eux dont le patrimoine continue d’être taxé puisqu’il est souvent constitué d’une maison ou d’un appartement. En somme, trop pauvres pour être aidés, pas assez riches pour être choyés.

Après les Gilets jaunes, les Cols blancs ?

On n’en est pas là et il y a peu de risques. La manif n’est pas une tradition dans ces populations. Mais c’est une catégorie sociale qui vote. Or, elle a quitté la droite qui l’a souvent déçue en ne tenant pas ses promesses. C’est un électorat qui ne se reconnaît plus non plus dans la gauche, là où les socialistes, jadis, étaient un parti de cadres. Ils ont massivement voté "En Marche !" en 2017, mais on les voit choisir de plus en plus les écolos. C’était le cas aux européennes et ce sera certainement le cas aux municipales.
Emmanuel Macron devrait y prendre garde. C’est bizarre, d’ailleurs, lui qui s’applique à ne pas refaire les erreurs de ses prédécesseurs. Le voilà qui fait exactement comme Nicolas Sarkozy et François Hollande, ça ne leur a pourtant pas porté chance.