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Alors que le président de la France insoumise dénonce l'acharnement judiciaire dont il est victime, la garde des sceaux lui répond.

Nicolas Beytout revient sur une polémique lancée dans le Journal du Dimanche par Jean-Luc Mélenchon qui affirme que la justice française va instruire un procès politique contre lui.

En disant cela, il vise plusieurs séries de procédures qui ont été lancées contre lui. L’une autour de l’affaire des assistants parlementaires au Parlement européen (affaire qui touche aussi le MoDem et le Rassemblement National de Marine Le Pen). Et une autre autour de ses comptes de campagne, lors de l’élection présidentielle de 2017, sur lesquels les juges aimeraient avoir quelques éclaircissements.
Mais c’est une troisième affaire qui va très vite venir en jugement, dans moins de 10 jours. Celle de la perquisition qui a été menée au domicile du leader de la France Insoumise, et au siège de son parti. Une procédure qui avait tourné au charivari, avec bousculades, injures et intimidations de toutes sortes.

Cet épisode avait été filmé, on voyait Jean-Luc Mélenchon se dresser contre un policier.

En criant "Ma personne est sacrée ; la République, c’est moi !". Jean-Luc Mélenchon s’était un peu emporté. Le procureur de la République affirme d’ailleurs qu’il a lui-même été pris à partie et bousculé. Il y a bien des images qui en attestent et, sur la base desquelles, n’importe quel citoyen serait poursuivi et vraisemblablement condamné.
D’où le problème du leader de la France Insoumise. Lui qui construit son personnage sur la défense des petits et des humbles contre l’élite et les puissants, est assez malvenu de se prévaloir d’une sorte de sacralisation ou d’impunité de sa personne. Certes, il est député, mais les parlementaires et les ministres qui ont maille à partir avec la justice sont nombreux et ils rendent des comptes comme les autres. Il lui faut donc démontrer que ce n’est pas la justice ordinaire qui le traque, mais une justice politique, aux ordres de Macron, comme il dit. Il ajoute même que c’est "un procès politique comme il n’y en a jamais eu depuis la guerre d’Algérie".

Ce sont ces accusations qui ont fait réagir Nicole Belloubet, la ministre de la Justice ?

Elle réfute bien entendu tous ces arguments et conteste toutes ces attaques. Ce qui est sûr, c’est que comparer la justice française à ce qui se passe dans les tribunaux en Russie ou dans les prisons en Égypte ou au Cambodge, c’est quand même accuser la démocratie française d’être ravalée au niveau de dictatures ou de pseudo-démocraties musclées. Ce qui n’est pas banal.
Mais on voit bien la stratégie que développe Jean-Luc Mélenchon. Il cogne sur certains piliers de la démocratie comme la justice en affirmant qu’elle est aux ordres du pouvoir. La presse aussi qui est accusée d’être complice des élites. Il envoie cette petite musique complotiste à un public qui en est déjà persuadé, qui se nourrit en boucle sur les réseaux sociaux de ce genre d’accusations imaginaires ou de fake news. Il alimente une sorte de détestation du pouvoir actuel, il craque des allumettes sur un corps social qui est encore inflammable. Il nourrit cette colère qu’il espère transformer un jour en capital électoral. Une stratégie à l’évidence dangereuse.