2:46
  • Copié
, modifié à

Nicolas Beytout, directeur du journal "L'Opinion" estime que l'attaque mortelle d'une policière a Rambouillet a contribué à faire échouer la tentative de positionnement d'Emmanuel Macron sur les sujets régaliens et de sécurité. Il estime que le président de la République a manqué l'occasion de faire ses preuves.

Les suites politiques de l’attentat de Rambouillet dans lequel une policière a perdu la vie vont, selon vous, poser un redoutable défi à Emmanuel Macron.

Oui, et d’abord parce que le timing de cet acte ignoble est venu fracasser une séquence de reconquête politique que le chef de l’Etat venait tout juste de lancer à propos de la sécurité, un thème régalien sur lequel son image est faible. Donc, étape numéro un de l’opération, une interview au Figaro pour montrer sa détermination.

C’était il y a pile une semaine.

Exactement, et cette prise de parole devait être suivie, 10 jours plus tard, par un nouveau projet de loi sur la lutte contre le terrorisme que Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, devait présenter en Conseil des ministres. Ce texte sera bien examiné, mercredi prochain, mais pile au milieu de cette séquence, l’égorgement d’une policière est venu anéantir tout ce qui avait été projeté. Aucun doute, sur le plan politique, l’opération est ratée.

Juste à cause de cet enchainement ?

Pas seulement, non. Je crois qu’il y a cette fois un double défi qui est posé à l’exécutif. D’abord parce que les propos déterminés sur la sécurité, les gonflements de poitrine, les déclarations martiales qu’on a entendues de la part du gouvernement et de la majorité ne convainquent plus grand monde. Ce sont toujours les mêmes mots, comme une ritournelle que beaucoup de Français n’écoutent plus.

Ensuite, et c’est plus préoccupant, parce que cette fois, le débat qui a suivi cet acte ignoble a changé d’angle. Depuis ce week-end, ce qui est d’abord pointé par les oppositions (de droite principalement), c’est le lien direct entre immigration et terrorisme. Marine Le Pen ne s’était jamais privée d’utiliser cet argument. Mais cette fois, l’accusation est portée beaucoup plus largement.

Et qu’est-ce qui a provoqué ce changement d’angle ?

D’abord l’accumulation des preuves, puisque les 3 derniers attentats avaient déjà été perpétrés par des immigrés clandestins. Ensuite le fait que ce type de terrorisme, pratiqué par un individu isolé et dont la radicalisation est rapide, est pratiquement indétectable. Aucun opposant ne peut donc raisonnablement prétendre que, une fois au pouvoir, il aurait fait mieux.

Par conséquent, pour avoir une chance d’éliminer ce risque d’attentat, il faut remonter à la source du problème, qui est en l’occurrence l’immigration illégale, et son corollaire politique : la régularisation des clandestins ou leur non-expulsion. C’est ça, le redoutable défi que cette horrible affaire de terrorisme islamique pose au chef de l’Etat : lier plus fortement que jamais immigration et sécurité, deux thèmes qui vont évidemment être au cœur de la campagne de 2022. Deux thèmes sur lesquels Emmanuel Macron est considéré comme ayant pour l’instant un trop maigre bilan.