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En rendant hommage dimanche au Général de Gaulle à Montcornet, Emmanuel Macron a glissé une pluie de messages subliminaux sur la gestion de la crise actuelle. Une façon pour le Président de la République de lier son destin à celui de son prédécesseur et de préparer déjà l'élection présidentielle de 2022. 

En lançant les cérémonies de l’année De Gaulle, dimanche à Montcornet, Emmanuel Macron a en réalité délivré toute une série de messages subliminaux. 

En théorie, cette visite sur les champs de bataille de Mai et Juin 1940 devait être le premier déplacement d’Emmanuel Macron depuis plus de deux mois consacré à autre chose que la crise du coronavirus. En réalité, à travers l’évocation de ces moments d’histoire, il n’a parlé que de ça. A la fois de la crise, pour rappeler qu’il était déjà arrivé que le pays soit vaincu par un ennemi implacable, par plus fort que soi. Et pour souligner ensuite que, même dans des circonstances aussi cruelles, la France s’était redressée. 

Est-ce que ce n’est pas une habitude journalistique de chercher dans un discours sur l’histoire tout ce qui se rapporte à l’actualité ?

Oui, j’admets que ça existe et que ça peut être une facilité. Mais cette fois, il n’y a vraiment aucune ambiguïté : tout se rapportait au présent. Tenez, cette phrase : "dans la stupeur et la sidération, notre pays essuyait une des plus rudes défaites de notre histoire". Stupeur et sidération, exactement les sentiments qui ont saisi le pays au moment du déferlement du virus.

Et ce stratagème du chef de l’Etat lui a permis de multiplier les messages. Tenez, cette autre phrase sur l’impréparation du pays à la crise Covid-19 : en 1940, dit Emmanuel Macron, "l’armée française avait des failles". Une manière de reconnaître que le pays, sur le plan sanitaire, avait des failles, face à la crise du coronavirus. Ce qui ne l’a pas empêché, il y a 80 ans comme aujourd’hui, "de tenir tête". L’allusion est transparente.

Mais, est-ce que ça fonctionne encore, cette référence à De Gaulle ?

C’est vrai qu’une majorité de Français ne l’ont pas connu, ou n’ont aucun souvenir du personnage. Et donc, invoquer le gaullisme n’évoque plus grand-chose de concret. Sauf si vous vous appuyez sur l’histoire pour parler du présent. Dire "De Gaulle, c’est l’unité de la France", ça n’a de portée contemporaine que si cette union nationale, cette concorde nationale est votre objectif politique du moment.

Même chose si vous vous appuyez sur l’histoire pour parler de vous. Dire que "la majorité des hauts fonctionnaires et des dirigeants politiques, se montraient fatalistes", c’est justifier le déficit de confiance que subit aujourd’hui le chef de l’Etat.

Et si le destin de De Gaulle montre qu’il y a "des défaites d’un jour qui portent en elles-mêmes les victoires du lendemain", alors oui, en prononçant ces mots, il y a fort à parier que le chef de l’Etat pensait à l’avenir d’un certain Emmanuel Macron.