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Que reste-t-il du premier cercle d'Emmanuel Macron, presque quatre ans jour pour jour après son élection à la présidence de la République ? Pas grand chose ! Un à un, ses plus proches collaborateurs de l'époque quittent la politique. Dernier départ en date : Benjamin Griveaux qui démission de son mandat de député.

Benjamin Griveaux quitte la politique : il a démissionné de son mandat de député.

Mandat qu’il avait retrouvé après avoir quitté le gouvernement et s’être retiré, dans les conditions pitoyables que l’on sait, de la course à la mairie de Paris. Ce qui est sûr, en tout cas, c’est qu’il n’avait jamais retrouvé sa place dans la majorité.

Sa place ? Vous voulez dire qu’il faisait partie du premier cercle autour d’Emmanuel Macron et qu’il n’y est jamais revenu ? 

Oui, le premier cercle, ce petit groupe issu de la gauche, très politisé, qui avait cru dès le début dans cette aventure incroyable, cette élection par effraction comme le dit Emmanuel Macron lui-même en parlant de sa victoire à la présidentielle. Or, ce petit groupe n’existe plus vraiment. Et c’est un phénomène assez frappant.

Il y aura, demain, quatre ans jour pour jour qu’Emmanuel Macron franchissait en vainqueur les grilles de l’Elysée avec, dans ses pas, ceux qu’on avait alors appelés "les Mormons". Une petite escouade de têtes bien faites et bien pleines, parmi lesquelles Benjamin Griveaux, Sibeth Ndiaye, Sylvain Fort (la plume du Président). Avec d’autres, comme Julien Denormandie, ils formaient le cœur du système sous la houlette d’Alexis Kolher, devenu secrétaire général de l’Elysée, autrement dit la véritable tour de contrôle du régime. 

Vous dites qu’ils "formaient le cœur du système". Ce n’est donc plus le cas ?

Non, beaucoup se sont éloignés. Certains ont pris du champ par exemple en direction du Parlement européen, d’autres ont carrément quitté la politique comme Sibeth Ndiaye, ex-porte-parole du gouvernement, et Benjamin Griveaux. Ils ont rejoint la cohorte des déçus de la politique, ces dizaines de députés En Marche qui savent déjà qu’ils ne se représenteront pas, ou qui sont passés dans le privé. Je pense à Brune Poirson, par exemple, l’ex-secrétaire d’Etat à l’Ecologie, qui a rejoint un groupe hôtelier après avoir été éjectée du gouvernement. 

Bon, mais est-ce que c’est un phénomène inhabituel ? Est-ce que ce n’est pas tout simplement un effet de l’usure du pouvoir ? 

Vous avez raison, ça compte sûrement. Mais cette fois, même les proches parmi les proches ont du vague à l’âme. Tenez, Richard Ferrand, le Président de l’Assemblée, un des intimes du Président : ils se plaint de ne plus être écouté comme avant par le chef de l’Etat, comme vient de le raconter l’Opinion. Ce qui est sûr, c’est qu’Emmanuel Macron est quelqu’un qui se protège beaucoup, qui donne peu (c’est ce que disent tous ceux qui ont cru à un moment être proches). Il se préserve, et il décide seul, le plus souvent au dernier moment. Evidemment, à la longue, les conseilleurs peuvent se sentir écartés.

Reste que, pour le futur candidat à un second mandat, faire tourner son entourage et ceux qui contribueront à cette prochaine bataille, c’est peut-être aussi une façon (indispensable) de se renouveler.