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Entretien d'Emmanuel Macron sur TF1 et LCI : une omniprésence à la télévision très voyante mais juridiquement possible

Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il s'intéresse à l'entretien enregistré par Emmanuel Macron pour TF1 et LCI et qui sera diffusé demain soir. Selon lui, cette présence soutenue du président à la télévision commence à être vraiment très voyante.TF1 et LCI diffuseront donc demain soir un entretien avec Emmanuel Macron. Un format et une émission très inhabituels.En fait, tout est surprenant dans cette initiative du chef de l’Etat : l’émission a déjà été enregistrée (ce qui signifie que ce sera, comme on dit dans notre langage de journaliste, une émission assez froide par rapport à l’actualité) ; elle sera diffusée en pleine semaine à l’heure de la plus forte écoute, dans un format qui ne correspond à aucune autre émission de TF1 ; et puis l’interview promet de brasser large : le titre choisi, c’est « Où va la France ? », un titre qui fait un peu Grand oral de Sciences Po ou de l’ENA. Mais le plus frappant, c’est que ce sera la deuxième fois en une semaine que le chef de l’Etat s’octroie une présence de plusieurs heures sur les chaînes de télévision.Jeudi dernier, c’était la conférence de presse d’un Emmanuel Macron dans ses habits de futur Président du Conseil de l’Union européenne. Deux heures à disserter sur l’avenir de l’Union européenne et les priorités françaises. Mais deux heures qui n’ont eu que très peu de retombées dans les médias. Le défi que l’Elysée s’était lancé, c’était que le Président parlerait de l’Europe au quotidien.Nicolas Beytout avait d’ailleurs estimé que cet objectif avait été raté.Exactement. Et cette nouvelle prise de parole semble bien confirmer que ce diagnostic a été fait aussi par l’Elysée. Il fallait donc reprendre la parole, avant les vacances de Noël, dans un cadre plus grand public, avec des journalistes qui peuvent amener le Président à faire du concret, à ne pas s’enivrer de technique, à ne pas se réfugier dans les concepts. Cette conférence de presse, c’était un peu HPI (Haut potentiel Intellectuel), vous savez, cette série à succès de TF1 avec Audrey Fleurot. C’était HPI à l’Elysée, sauf que c’était moins captivant.Emmanuel Macron parlera donc (je cite le communiqué de TF1) de la manière dont il a vécu son quinquennat, il livrera sa vision de l’avenir et répondra aux questions que se posent les Français. A toutes les questions, sauf une, semble-t-il : est-ce qu’il sera candidat à sa propre succession ? Le Président parlera de l’après (genre « Demain nous appartient »), mais ne devrait pas se dévoiler tout de suite (ce ne sera donc pas « Ici tout commence »). Il devrait continuer à faire vivre la fiction qu’il n’est pas officiellement candidat (c’est sûrement pour ça qu’il a choisi une chaîne spécialiste de la fiction).Il y a eu beaucoup de réactions, hier à l’annonce de ce projet d’émission : des opposants qui dénoncent l’omniprésence du presque candidat sur les télés. Valérie Pécresse, qui a été obligée d’annuler et de reporter une grande émission politique qu’elle devait faire sur une autre chaîne le soir-même.Sauf que le CSA considère que jusqu’au 1er janvier, nous sommes hors période électorale, c’est-à-dire qu’on compte les temps de parole en trois tiers : un pour le chef de l’Etat et son gouvernement, un pour la majorité et le reste pour les oppositions. J’ajoute que lorsque le Président parle de la marche de l’Etat (le régalien ou l’international), son temps de parole n’est pas décompté.Emmanuel Macron peut ainsi multiplier ses apparitions à la télé. Les opposants ont donc juridiquement tort. Mais ils ont politiquement raison : parce que cette présence soutenue à la télé commence à être vraiment très voyante. Comme le dit Valérie Pécresse, « on est loin du fair-play démocratique ». Tellement qu’on en est à se demander si tout ça ne traduit pas un peu d’inquiétude face à la montée de Valérie Pécresse.Jusqu’à présent, la majorité La République en Marche a été aussi maladroite qu’inefficace pour répondre à la montée de la candidate officielle de la droite républicaine. Au Président de jouer. Mais je doute qu’il fasse aussi bien que les audiences de la dernière élection sur TF1. Celle de Miss France, samedi dernier : plus de sept millions de téléspectateurs.

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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il s'intéresse à l'entretien enregistré par Emmanuel Macron pour TF1 et LCI et qui sera diffusé demain soir. Selon lui, cette présence soutenue du président à la télévision commence à être vraiment très voyante.TF1 et LCI diffuseront donc demain soir un entretien avec Emmanuel Macron. Un format et une émission très inhabituels.En fait, tout est surprenant dans cette initiative du chef de l’Etat : l’émission a déjà été enregistrée (ce qui signifie que ce sera, comme on dit dans notre langage de journaliste, une émission assez froide par rapport à l’actualité) ; elle sera diffusée en pleine semaine à l’heure de la plus forte écoute, dans un format qui ne correspond à aucune autre émission de TF1 ; et puis l’interview promet de brasser large : le titre choisi, c’est « Où va la France ? », un titre qui fait un peu Grand oral de Sciences Po ou de l’ENA. Mais le plus frappant, c’est que ce sera la deuxième fois en une semaine que le chef de l’Etat s’octroie une présence de plusieurs heures sur les chaînes de télévision.Jeudi dernier, c’était la conférence de presse d’un Emmanuel Macron dans ses habits de futur Président du Conseil de l’Union européenne. Deux heures à disserter sur l’avenir de l’Union européenne et les priorités françaises. Mais deux heures qui n’ont eu que très peu de retombées dans les médias. Le défi que l’Elysée s’était lancé, c’était que le Président parlerait de l’Europe au quotidien.Nicolas Beytout avait d’ailleurs estimé que cet objectif avait été raté.Exactement. Et cette nouvelle prise de parole semble bien confirmer que ce diagnostic a été fait aussi par l’Elysée. Il fallait donc reprendre la parole, avant les vacances de Noël, dans un cadre plus grand public, avec des journalistes qui peuvent amener le Président à faire du concret, à ne pas s’enivrer de technique, à ne pas se réfugier dans les concepts. Cette conférence de presse, c’était un peu HPI (Haut potentiel Intellectuel), vous savez, cette série à succès de TF1 avec Audrey Fleurot. C’était HPI à l’Elysée, sauf que c’était moins captivant.Emmanuel Macron parlera donc (je cite le communiqué de TF1) de la manière dont il a vécu son quinquennat, il livrera sa vision de l’avenir et répondra aux questions que se posent les Français. A toutes les questions, sauf une, semble-t-il : est-ce qu’il sera candidat à sa propre succession ? Le Président parlera de l’après (genre « Demain nous appartient »), mais ne devrait pas se dévoiler tout de suite (ce ne sera donc pas « Ici tout commence »). Il devrait continuer à faire vivre la fiction qu’il n’est pas officiellement candidat (c’est sûrement pour ça qu’il a choisi une chaîne spécialiste de la fiction).Il y a eu beaucoup de réactions, hier à l’annonce de ce projet d’émission : des opposants qui dénoncent l’omniprésence du presque candidat sur les télés. Valérie Pécresse, qui a été obligée d’annuler et de reporter une grande émission politique qu’elle devait faire sur une autre chaîne le soir-même.Sauf que le CSA considère que jusqu’au 1er janvier, nous sommes hors période électorale, c’est-à-dire qu’on compte les temps de parole en trois tiers : un pour le chef de l’Etat et son gouvernement, un pour la majorité et le reste pour les oppositions. J’ajoute que lorsque le Président parle de la marche de l’Etat (le régalien ou l’international), son temps de parole n’est pas décompté.Emmanuel Macron peut ainsi multiplier ses apparitions à la télé. Les opposants ont donc juridiquement tort. Mais ils ont politiquement raison : parce que cette présence soutenue à la télé commence à être vraiment très voyante. Comme le dit Valérie Pécresse, « on est loin du fair-play démocratique ». Tellement qu’on en est à se demander si tout ça ne traduit pas un peu d’inquiétude face à la montée de Valérie Pécresse.Jusqu’à présent, la majorité La République en Marche a été aussi maladroite qu’inefficace pour répondre à la montée de la candidate officielle de la droite républicaine. Au Président de jouer. Mais je doute qu’il fasse aussi bien que les audiences de la dernière élection sur TF1. Celle de Miss France, samedi dernier : plus de sept millions de téléspectateurs.

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