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Le Parlement devrait finir de voter dans la journée le nouveau plan de lutte contre la crise économique provoquée par le coronavirus.

Oui, son deuxième plan en quelques semaines seulement, qui va cette fois porter le niveau des aides aux entreprises de 45 à plus de 100 milliards d’euros, avec 9% de déficit public et une dette qui explose. C’est dantesque. Quant à la croissance, elle reculera de 8% au moins… ce qui en fait la crise la plus grave depuis 1929, affirme Bruno Le Maire. C’est vrai, la plus grave en intensité, même si elle est en réalité très différente. Elle est très différente aussi de la crise financière des années 2007-2008, cette crise due à un nouveau virus qui avait frappé les banques : le virus des subprimes, un virus provenant de l’immobilier. Et là aussi, il avait fallu mobiliser dans le monde entier des milliers de milliards de dollars ou d’euros. Mais attention : à l’époque, il s’était agi de sauver les banques et les assurances.

Aujourd’hui, les banques et les assurances sont au contraire sur le front pour sauver l’économie, même s’il faut parfois que le gouvernement les motive un peu…

Oui, c’est vrai que tout n’est pas absolument spontané… En tout cas, l’objectif de ces 100 milliards du plan gouvernemental qui sera voté aujourd’hui, c’est : aider les entreprises à passer la crise. En économie, on appelle ça une politique de l’offre. C’est une notion très simple : comme chacun sait, l’économie repose beaucoup sur le rapport entre l’offre et la demande. L’offre du producteur, de l’entreprise. Et la demande de l’acheteur, du consommateur. Quand il y a une crise économique, elle peut toucher soit l’offre, soit la demande.

Et cette fois, la crise du coronavirus touche l’offre…

Voilà : les entreprises ne peuvent plus produire, à cause du confinement. Il n’y a plus d’offre. Plus de business, plus de chiffre d’affaires ou beaucoup moins. Et donc des risques accrus de faillite et de chômage. Et c’est donc vers l’offre qu’il faut que le plan d’aide soit massivement dirigé. Bien sûr, il y aura quelques aspects du plan pour aider la demande (celle des foyers les plus précaires, par exemple). Et puis, il ne faudra pas non plus abîmer cette demande, pour le jour où l’offre reviendra…
Abîmer la demande, c’est-à-dire ?

Abîmer le pouvoir d’achat des Français, par exemple en augmentant les impôts. C’est ce qui avait été fait après la crise de 2008, et ça a plombé la France. Cette fois, les ministres de Bercy, mais aussi le Premier ministre et beaucoup de députés influents dans ce domaine disent que non, il n’y aura pas d’augmentation d’impôts. Il faut reconstituer l’offre, sans dégrader la demande. Et voyez-vous, on s’imagine que tout ça va être très nouveau, que cette crise change tout. C’est vrai pour ce qui est de l’ampleur des mécanismes de sauvetage qui sont mis en branle. Mais c’est faux pour ce qui est de la ligne politique d’Emmanuel Macron : son principe, depuis son élection, c’était la politique de l’offre, restaurer une politique pro-entreprises, avec un peu plus d’attention pour la demande depuis les Gilets jaunes. Après le 11 mai, ce sera même principe, et même espoir.