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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, l’actuelle majorité En Marche s'inquiète du positionnement du MoDem à 100 jours des élections régionales.

Un peu moins de 100 jours nous sépare désormais des prochaines élections régionales.

Il n’y a pas que la présidentielle dans la vie politique. Il y a aussi des élections régionales et elles seront, cette année peut-être, plus importantes qu’elles n’ont jamais été. Parce qu’elles serviront de test grandeur nature avant la grande confrontation de 2022. C’est là, en particulier, que l’on va pouvoir observer ce qu’il advient des alliances telles qu’elles ont été scellées depuis des années pour diriger la plupart des régions. Le problème, c’est que l’actuelle majorité En Marche n’en contrôle aucune.

Son objectif va être de renverser des alliances ?

Oui, ou à tout le moins de traduire au niveau régional ce qui se fait déjà au plan national. L’exemple le plus parlant est celui du Modem. Depuis quatre ans, ce parti centriste peut revendiquer sa part dans l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 (on se souvient du poids que François Bayrou avait jeté dans la bagarre). Ce parti est donc devenu l’appoint indispensable à la République en Marche qui, elle, a vu ses effectifs se réduire comme banquise sous les trous de la couche d’ozone. À l’Assemblée nationale, c’est un fait, le Modem aide à faire voter les lois. C’est parfois laborieux, mais ça passe. Ni une ni deux, le parti la République en Marche s’est mis en tête de susciter une alliance aux prochaines élections régionales avec le Modem, comme avec d’autres micro-partis qui gravitent dans son entourage.

Ils gouvernent le pays ensemble, ils peuvent vouloir gouverner les régions ensemble.

Oui, sauf que tout le Modem n’est pas sur cette ligne. Dans les régions, il travaille depuis des années avec la droite. C’est le cas en Ile-de-France où la majorité des élus Modem vient de renouveler sa fidélité à Valérie Pécresse. Une belle opération pour la présidente de droite, qui sait qu’elle sécurise ainsi un peu plus sa réélection. Et une sale semaine, décidément, pour le parti d’Emmanuel Macron. Ce lundi, il apprenait que la notion de front républicain avait vécue et que les reports de voix entre les deux tours de la prochaine élection présidentielle se feraient vraiment laborieusement, ce qui met le chef de l’État en risque réel d’être battu. Et aujourd’hui, il réalise que son allié le Modem pourra toujours sceller des accords nationaux, c’est dans la vraie vie, sur le terrain, au cas par cas, que se noueront ou se dénoueront les alliances qui pré-existaient depuis des lustres entre le centre et la droite.

Ça peut faire gagner des régions au Modem ?

Oui. On pense au Centre Val-de-Loire par exemple, où la liste majorité présidentielle est emmenée par Marc Fesneau, ministre des Relations avec le Parlement. Il est personnellement très compatible avec la droite républicaine, et une alliance au second tour n’est pas impossible. Dans ce cas, Emmanuel Macron pourra revendiquer cette région, mais c’est le Modem qui la dirigera. Nicolas Beytout parierait volontiers qu’il y a des matins où le chef de l’État, en se rasant, doit rêver de cette merveilleuse formule du grand Edgar Faure : "En France, le centre a le droit de vivre à condition de faire le mort".