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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce lundi, il revient sur la responsabilité d'Emmanuel Macron dans l'échec du rapprochement politique entre les partis de Franck Riester et Édouard Philippe.

Le parti politique fondé il y a quelques mois par Edouard Philippe a commencé à prendre forme. L’ancien Premier ministre a annoncé ce week-end la création de 130 comités locaux qui seront bientôt suivis d’une centaine d’autres.

S’il y avait le moindre doute sur la volonté d’Édouard Philippe de peser sur la vie politique, au cours des prochaines années, il suffirait d’observer le travail méthodique qu’il réalise pour construire son propre parti, Horizons. Et s’il y avait le moindre doute sur l’inquiétude que suscite chez les macronistes cette montée en puissance pour son propre compte de l’ancien Premier ministre, il suffirait de regarder la façon dont il a été placé sous surveillance par Emmanuel Macron lui-même.

L’affaire, qui a éclaté la semaine dernière, avait démarré il y a plusieurs mois avec les grandes manœuvres de François Bayrou, l’homme qui murmure à l’oreille du Président et qui rêve depuis des années de construire une force politique ultra-dominante au centre de la vie politique française. Une sorte de maison commune dans laquelle devaient se retrouver toutes les composantes de l’actuelle majorité, le centre-gauche, le centre-centre (le MoDem, bien sûr) et le centre-droit représenté par le micro-parti Agir, dirigé par le ministre du Commerce extérieur Franck Riester, et bien sûr Horizons, la toute nouvelle structure d’Edouard Philippe. Ce grand espace de co-location pro-Macron avait même un nom, Ensemble citoyens !. Avec un point d’exclamation, tellement ce projet était censé enthousiasmer les foules. Sauf qu’au vu des derniers développements, plutôt que le point d’exclamation, c’est le point d’interrogation qui semble désormais beaucoup plus indiqué…

Ensemble citoyens ! est au point mort ?

Oui, le point mort, c’est exactement ça. Depuis qu’il a été sorti de Matignon, Édouard Philippe a décidé de rouler pour son compte. Mais comme il sait qu’il n’avait aucun espace politique pour espérer affronter Emmanuel Macron et monter à l’assaut de l’Elysée dès 2022, il a très vite proclamé son soutien plein et entier à la réélection du Président sortant. Ce qui ne l’a pas empêché de penser à son avenir, précisément avec la création de son parti politique Horizons.

Vu son statut politique, vu sa popularité très grande, il pouvait espérer devenir très vite le point de ralliement de la droite de la macronie et, éventuellement, plus tard, d’une partie des Républicains. La première étape la plus naturelle devait ainsi être le rapprochement du petit parti Agir avec Horizons. Et de fait, des négociations ont été activement menées, jusqu’à un aboutissement prévu dans les premiers jours de janvier. Sauf qu’au dernier moment, tout a capoté…

La faute à qui ?

À Emmanuel Macron, qui a vu d’un mauvais œil le rapprochement entre ces deux anciens membres des Républicains, et la naissance d’une vraie force politique constituée sur la droite de sa majorité. Il a donc interdit à son ministre Franck Riester d’apporter son petit capital politique à celui d’Édouard Philippe. Evidemment, ce dernier l’a très mal vécu, et il y a aujourd’hui entre les deux hommes (le Président et son ancien chef de gouvernement) un vrai coup de froid. Il faut dire qu’il y avait derrière ce rapprochement de gros intérêts financiers et surtout l’amorce de ce qui peut se passer après. Je veux dire, après la présidentielle. Parce que l’initiative d’Édouard Philippe, la création de son parti Horizons, elle ne concerne pas l’avant mais l’après élection. Son pari, si Emmanuel Macron est élu, c’est que sa majorité sera beaucoup plus étroite qu’aujourd’hui. Et qu’elle dépendra donc… d’une force constituée, par exemple rassemblée autour de lui. Il est ancien Premier ministre, ce qui lui donne un statut politique prééminent. Et si l’actuel Président est battu, évidemment sa majorité sera en miette et probablement à ramasser. Et dans les deux cas, cela lui donne une place particulière dans cette course qui commencera le lendemain même de la présidentielle : l’échéance 2027. C’est loin, bien sûr, et le ciel pour l’instant est subitement assez chargé, mais comment dit Édouard Philippe déjà ? Ah oui, l’important c’est Horizons