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Nicolas Beytout, vendredi sur Europe 1, a analysé les conséquences d'un possible changement de premier ministre à l'issue de la phase de remaniement. Et quel que soit le scénario, départ ou confirmation d'Edouard Philippe, il ne sera pas en faveur d'Emmanuel Macron.

Ca y est : on est entré de plain-pied dans la phase remaniement, avec une séquence assez intense politiquement : fin des consultations de tout ce qui compte comme corps constitué, interview à la presse quotidienne régionale jeudi, ce qui permet de savoir à grands traits ce que sera le carnet de route des deux dernières années du quinquennat d’Emmanuel Macron. Le remaniement peut donc avoir lieu et il sera probablement suivi d’une intervention du chef de l’Etat à la télévision, d’ici au 14 juillet. On le voit, tout cela est très construit et promet d’être assez puissant, comme une vague…

Alors vague ou vaguelette ? Changement du premier ministre ou pas ? C’est la question que tout le monde se pose. Et comme personne n’a la réponse, tout le monde, depuis la publication de l’interview, cherche à interpréter les propos du chef de l’Etat. Par exemple sur la réforme des retraites : pile, il relance la réforme, Edouard Philippe reste ; face, il ne veut pas de l’âge pivot, Edouard Philippe qui en est un farouche partisan, part. La réalité, c’est qu’Emmanuel Macron s’est mis tout seul dans une position telle qu’aucun des deux scénarios n’est en sa faveur.

Hypothèse numéro 1 : il remplace Edouard Philippe. C’est son souhait, il veut gouverner rênes courtes comme disent les cavaliers. Je passe sur le risque qu’il aurait à se priver d’un premier ministre très apprécié de l’aile droite de la macronie et d’une partie de la droite modérée, c’est-à-dire d’une grande part de son électorat, l’argument est connu. Mais il y a plus embêtant encore : la cote d’Edouard Philippe n’en finit pas de monter. Et plus l’écart avec celle du président se creuse, plus il sera difficile d’assumer politiquement de rompre cette dynamique. Sauf bien sûr si c’était pour conduire un programme radicalement différent, mais ça n’en prend pas le chemin. Pas facile de s’en défaire.

Alors passons à l’hypothèse 2 : Emmanuel Macron confirme Edouard Philippe à Matignon. En quoi est-ce que ce serait un inconvénient pour le chef de l’Etat ? Parce qu’il a lui-même installé le scénario inverse, c'est-à-dire l’idée qu’il pourrait s’en séparer. Parce que, en laissant le scénario d’un remplacement circuler depuis quelques semaines, il est devenu une réalité, et un sujet d’affrontement à peine feutré entre ceux qui, dans la majorité En Marche, aimeraient qu’il parte et ceux qui le défendent. Parce que la gauche de la macronie en rêve. Parce que dans l’entourage des deux têtes de l’exécutif, les esprits se sont échauffés.

Voilà, le sujet est là, au milieu de la table, entre un Emmanuel Macron qui n’aurait pas eu les moyens de son ambition, et un Edouard Philippe, qui apparaîtrait comme le vainqueur de cette séquence. Comme celui qui a le vent en poupe.