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Pour la première fois depuis l'installation du confinement, le Président de la République a quitté la région parisienne pour se rendre à Mulhouse, où un hôpital militaire a été monté pour renforcer les services de santé sur place. Un déplacement mal vu par certains, qui lui reprochent de ne pas rester confiné comme l'ensemble des Français. 

Emmanuel Macron est allé à Mulhouse visiter l’hôpital militaire monté là en renfort des services de santé débordés.

C'est la première fois depuis le début de la période de confinement que le Président de la République se déplaçait loin de la région parisienne. Un choix pas forcément très simple à justifier lorsque le mot d’ordre est : "Restez chez vous". Surtout lorsqu’on sait qu’un chef d’Etat en vadrouille, c’est forcément un certain nombre de personnels mobilisés autour de lui. Sur le principe, ce n’est pas très confiné, tout ça.

Sauf que l’Elysée avait bien précisé qu’il ne serait accompagné que de quelques personnes et, en tout cas, pas par les ministres concernés.

Et c’est ce qui s’est effectivement produit. En fait, Emmanuel Macron devait choisir entre deux difficulté. Soit se rendre au cœur de la guerre, là où on compte le plus grand nombre de victimes, là où l’asphyxie des hôpitaux menace. Bref, aller sur le front pour montrer son soutien et son empathie envers ceux qui se battent. Mais il fallait pour cela qu’il s’exonère de l’obligation de rester confiné, comme le sont tous les Français.

Soit au contraire il restait enfermé à l’Elysée, il continuait ses téléconférences et ses contacts à distance, mais il courrait le risque de paraître trop loin des gens, de ceux qui souffrent, de ceux qui ne vivent pas le confinement dans un vaste palais, avec du personnel et un parc pour s’aérer. Là encore, une vie différente de celle de M. Tout-le-monde.

Bon, il a choisi la première option : aller au contact. Il a eu raison ? 

Je crois, oui. D’abord parce qu’il n’est pas, par fonction, un M. Tout-le-monde. Alors, je vois bien sur les réseaux sociaux fleurir les réactions sur le thème : il y a confinement et confinement, celui pour les petites gens et celui pour les élites. Mais, pardon, le chef de l’Etat n’est pas un citoyen lambda.

Et la notion de "Président normal", chère à son prédécesseur François Hollande, a amplement montré son absurdité. Surtout lorsqu’on demande au Président d’agir en chef de guerre. Parce que la guerre, c’est une circonstance très particulière, qui exige que l’opinion publique soit solide, qu’elle fasse autant que possible bloc autour d’un objectif, vaincre l’ennemi (en l’occurrence, le virus), et autour d’un chef (en l’occurrence le président de la République). 

Et justement, les sondages, ils sont assez partagés, non ?

C’est vrai. Selon Ipsos pour Le Point, Emmanuel Macron a renoué avec son plus haut niveau de confiance, celui qu’il avait au début de son quinquennat, et qu’il n’avait jamais retrouvé depuis. Mais selon un autre sondage Elabe pour BFMTV, la confiance de la population dans la gestion de la crise par le gouvernement s’érode un peu plus chaque jour. Ce sont même les trois quarts des Français qui sont mécontents de la manière dont le problème des masques et des tests a été géré.

C’est là le principal défi que doit relever Emmanuel Macron : garder sur sa personne un capital confiance que les Français refusent de plus en plus sur la gestion de la crise. Conserver leur confiance dans l’issue de la crise tout en étant obligé, pour les mobiliser et imposer le confinement, de décrire sans cesse l’imminence d’une catastrophe. Pas simple, en effet.