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C’est la nouvelle bible du travail, ou plutôt du retour au travail : le gouvernement vient de publier un guide de 20 pages sur les conditions de la réouverture des entreprises…

Et tout est prévu, du nettoyage avec tel type de solvant à la création de sens uniques de circulation dans les locaux, en passant par les 4 m2 minimum d’espace vital par salarié. Entre le parcours du combattant qui s’annonce pour aller travailler en transports en commun et la galère qui va s’imposer aux entreprises, ça se confirme : le déconfinement ne sera pas une partie de plaisir…

L’idée, c’est de limiter les risques… Et c’est bien, non ?

Oui, bien sûr. Mais une chose reste incontournable, et au fond, ça devrait être ça, l’élément central dans la période qui s’ouvre. Le déconfinement, c’est un risque. On peut le refuser, rester cloitrés, mais comme il n’y a pas d’argent magique, l’économie française ne tiendra pas jusqu’à l’été. Il faut donc l’accepter, ce risque (en le minimisant, bien sûr). Et là, une fois encore, c’est le fameux débat sur la priorité absolue donnée au traitement de la crise sanitaire, quoi qu’il en coûte à l’économie. La France s’est engagée à fond dans cette voie. Résultat, elle est de tous les pays de la zone euro celui qui a le plus décroché sur le plan économique. Et donc il faut relancer la machine France.

Sauf qu’on voit monter un autre débat : celui sur la responsabilité…

Oui, la mise en responsabilité de ceux qui doivent prendre des décisions, et craignent d’être tenus pour responsables en cas de pépin. C’est le cas de beaucoup de maires et de députés, qui ont même suggéré au gouvernement de faire voter une loi les exonérant de toute poursuite judiciaire au cas où un agent municipal, ou un parent d’élève se retournerait contre eux. Comme quoi, la décentralisation et les pouvoirs nouveaux que ça donne au plan local, c’est tout de suite moins séduisant quand il faut parallèlement assumer tout un cortège d’obligations et de contraintes. Edouard Philippe n’a d’ailleurs pas donné suite. 

Et puis il y a eu cette lettre de plusieurs patrons des transports publics…

Oui, un courrier adressé au Premier ministre, et signé des principaux patrons du secteur, depuis la SNCF jusqu’à Keolys et Transdev, en passant par la RATP. Tous ensemble, ils expliquent qu’ils ne pourront pas assumer une ouverture de leurs gares et de leurs lignes dans les conditions sanitaires exigées par le gouvernement. Et qu’ils ne veulent pas être tenus pour responsables des pépins éventuels qui pourraient se produire. Bon, c’est peu dire que cette lettre a exaspéré Edouard Philippe. Et il l’a fait savoir. Et c’est vrai que, venant d’entreprises qui, pour les plus importantes d’entre elles, sont des entreprises publiques, l’exemple n’est pas excellent. Chaque jour qui passe nous rapproche de ce moment où on pourra se déconfiner, où on devra prendre quelques risques. Les Français ne sont pas un peuple qui est réputé aimer le risque. Selon que l’on forcera ou pas notre nature, on sortira plus ou moins vite de cette crise insensée.