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Prévu le 11 mai par le Président de la République, le déconfinement est désormais soumis à un examen de passage jeudi prochain. Si Emmanuel Macron voulait d'abord rassurer les Français en fixant un objectif, l'attente risque désormais d'être éprouvant pour beaucoup. 

Le gouvernement a soufflé le chaud et le froid, pendant tout le week-end, sur la date du déconfinement.

Déconfinera, déconfinera pas, plus on va s’approcher de jeudi prochain, date à laquelle le gouvernement dira si la libération aura bien lieu le 11 mai et dans quelle conditions, plus cet espèce de balancement va devenir éprouvant.

Alors, c’est vrai que lorsqu’Emmanuel Macron s’était adressé aux Français en donnant la date du 11 mai, il avait bien précisé qu’il s’agissait d’un objectif. Mais ses plus proches collaborateurs m‘avaient indiqué, juste après le discours, que fixer ainsi une date était psychologiquement important pour les Français. Que ça pouvait aider grandement à tenir le confinement, à l’époque pendant un mois de plus. 

Et c’est cet aspect psychologique qui manque, selon vous ? 

Oui. Alors c’est sûrement fait pour remobiliser les Français afin qu’ils fassent le dernier effort et restent vraiment confinés jusqu’à la fin. A moins que ce ne soit une façon de masquer le fait que le dispositif n’est pas prêt.

Tout le week-end, on a eu des témoignages sur le problème de disponibilité des masques, sur le système de distribution, et surtout sur la question des tests. Alors, est-ce qu’on doit douter ? Est-ce que la prolongation éventuelle du confinement ne serait pas due à autre chose que l’attitude un peu trop relâchée des Français ? 

Oh là, attention, vous allez vous faire rappeler à l’ordre sur le site Internet du gouvernement.

Je tremble. Non, sérieusement, cette histoire de site sur lequel le gouvernement donne son certificat à certains articles de médias, selon qu’ils sont à ses yeux vrai ou faux, c’est d’une maladresse. Dans une démocratie, c’est toujours un peu étrange de voir le pouvoir classer les médias en bons et pas bons.

Et comme je ne crois évidemment pas que nous vivions en dictature, malgré ce que certains opposants d’Emmanuel Macron se complaisent à le dire, il reste donc une explication : dans cette période de guerre contre le coronavirus, et pour cause d’état d’urgence sanitaire, les Français ont été caporalisés. Au lieu de faire appel à leur responsabilité individuelle et collective, on préfère jouer sur la peur du gendarme. 

Mais c’est vrai qu’à l’approche du 11 mai, il y a plus de monde dans les rues.

Bien sûr, mais est-ce en se délectant du nombre de contrôles de police et de gendarmerie, est-ce en brandissant le million de contraventions dressées contre des promeneurs qu’on sortira plus facilement de cette période d’enfermement ?

Autour de nous, plusieurs pays ont déjà commencé leur déconfinement progressif. Avec les mêmes contraintes que nous, les mêmes problèmes insolubles de transports en commun, de reprise du travail, de réouverture des classes. On le sait tous, cette période sera difficile, et dangereuse. L’épidémie risque de repartir.

Mais, est-ce qu’il faudra à nouveau morigéner les Français, les enfermer et planter une deuxième fois toute l’économie. Ou est-ce qu’il ne serait pas mieux de faire prendre conscience à ce peuple éduqué et mature de ce qu’est sa responsabilité ? Pour moi, comme on dit, la réponse est dans la question.