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Ils sont 66 parlementaires, députés et sénateurs, essentiellement de gauche et quelques-uns du centre. Et ils ont dévoilé hier leurs propositions pour réorienter la politique après la crise du coronavirus.

Oui, et ils ne sont pas les seuls, ces parlementaires : cette période de confinement semble avoir décuplé l’ardeur de ceux, y compris au sein de La République en Marche, qui veulent peser sur Emmanuel Macron pour qu’il opère un virage à gauche. Résultat : un foisonnement d’initiatives, pour beaucoup basées sur des consultations citoyennes, des plateformes de débat, des sites de pétitions, sans oublier la Convention citoyenne, ce groupe de 150 Français qui doit réfléchir pour le gouvernement sur les questions d’environnement. Ce qui est certain, c’est que cette crise du coronavirus a tellement bouleversé notre comportement, a tellement créé d’incertitudes dans nos vies, que cela mérite des débats. Et la bonne nouvelle, c’est que les idées pour l’après ne manquent pas…

Et la mauvaise nouvelle ?

Oui, c’est que les idées ne manquent pas. Je veux dire qu’elles partent dans tous les sens, et sont parfois (souvent même) irréalisables. Et je ne parle pas de toutes ces contributions dégoulinantes de bons sentiments qui fleurissent sur les réseaux sociaux, prennent le visage et la voix d’acteurs ou d’actrices célèbres, des people qui oublient la vie privilégiée dont ils profitent pour donner aux autres des leçons de frugalité. Ceux-là ont probablement trouvé un dérivatif à l’annulation du Festival de Cannes, mais je ne suis pas certain que ça pèsera autant en politique que ça fait de bruit sur les réseaux sociaux…

Et du côté des 66 parlementaires ?

Ca part moins dans tous les sens, bien sûr. Côté santé, par exemple, ils proposent de faire de l’hôpital une priorité nationale, d’augmenter le salaire de tous les soignants, de créer 200.000 emplois en 3 ans dans les EHPAD. Côté solidarité, on voit revenir le revenu universel pour tous, le RSA pour les jeunes à partir de 18 ans, et puis côté sobriété, place au traditionnel plan de rénovation énergétique des bâtiments. Alors, évidemment, tout ça coûterait très cher. Et donc, ces parlementaires proposent… des impôts et des taxes. Six en tout, sur 30 propositions, ce n’est pas rien : Impôt sur la fortune bien sûr, impôt sur le revenu, taxe sur le numérique, sur les transactions financières. Là, c’est d’un grand classicisme. C’est un programme bien marqué à gauche…
Comment réagit le parti La République en Marche ?

Officiellement, il ne conteste pas cette façon d’élargir le débat. Officieusement, l’initiative est critiquée, parce qu’elle apparaît comme une manœuvre pour légitimer une scission, qui se prépare effectivement au sein du parti d’Emmanuel Macron, l’aile gauche prenant son indépendance pour créer son propre groupe parlementaire. Le projet est encore dans les cartons, mais il ferait très mauvais genre à un moment où au contraire, le chef de l’Etat pousse l’idée de concorde nationale. Voilà quelque chose que la crise n’aura pas changé : après comme avant, les cordonniers seront toujours les plus mal chaussés.