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La France, comme beaucoup d'autres pays dans le monde, traverse une grave crise économique à cause de l'épidémie de coronavirus. Mais elle doit apprendre de ses erreurs selon Nicolas Beytout, pour ne pas reproduire celle de Nicolas Sarkozy en 2008, qui avait conduit à une hausse des impôts pour les Français. 

C’est une phrase qu’on entend beaucoup dans la majorité : une fois sorti de la crise sanitaire, "il ne faudra pas refaire l’erreur de 2008". C’est quoi, Nicolas, cette erreur de 2008 ? 

Tout le monde se souvient de cette crise financière de 2007-2008, la plus violente depuis la grande crise de 1929. Elle avait déstabilisé les banques (certaines avaient même fait faillite), et le système financier mondial avait vraiment frôlé la rupture. A l’époque, tous les gouvernements s’étaient coordonnés pour déverser des centaines, des milliers de milliards de dollars et d’euros sur l’économie pour sauver les banques et éviter que tout s’effondre.

Et c’est la même chose aujourd’hui ?

Le risque est le même, oui, mais la crise est très différente. Cette fois, les banques sont en bon état, et ce sont les entreprises qui sont frappées par le confinement mondial, et l’arrêt brutal de leur activité. Mais vous avez raison, pour amortir le choc, les pays ont une nouvelle fois décidé de déverser des milliers de milliards de dollars et d’euros. Et donc de créer une nouvelle fois des centaines de milliards de dettes. 

Et donc, l’erreur de 2008, c’est quoi ? 

C’est ce qu’a fait Nicolas Sarkozy pour éponger cet endettement, une fois calmée la crise. La règle de base, c’est qu’il n’y a pas d’argent gratuit. Et donc, lorsque vous vous endettez, soit vous poussez votre montagne de dettes devant vous (mais à l’époque, les règles de Maastricht interdisaient ça aux pays européens), soit vous remboursez. Ce qui a été fait, avec l’argent des Français.

Autrement dit, avec les impôts des Français.

Exactement. Le gouvernement Fillon, qui avait réduit les impôts dans la première partie du quinquennat, a décidé de les relever. François Hollande, à son tour tapera tellement fort que la France deviendra le pays le plus taxé du monde développé, un pays sans croissance réelle, avec des millions de chômeurs. Cette politique de sortie de crise a cassé la machine France.

Ne pas refaire l’erreur de 2008, ça veut donc dire ne pas relever les impôts pour absorber les dépenses supplémentaires ?

Parfaitement. Ce qui était impossible à faire en 2008 à cause de Maastricht est désormais autorisé puisque toutes les règles européennes sur la dette ont été suspendues. Cette fois, la France est donc libre de faire un autre choix politique. Et le choix d’ Edouard Philippe et de Bruno Le Maire, c’est : pas de hausse des impôts, pas de coup de bambou sur un pays fragilisé. Il faut une relance économique, il faut de la croissance, pas des impôts.

En face, à gauche et dans une partie de la majorité, d’autres expliquent qu’il faudra au contraire débattre d’un retour de l’ISF ou d’une contribution des plus riches. Alors bien sûr, ils ne le disent pas comme ça, brut de décoffrage. Non, tout cela est enrobé dans un discours sur les leçons de la crise, sur la nécessité de transformer notre modèle, de réfléchir sur l’après, sur les faiblesses que ça a révélé. C’est le bon sens, bien sûr, mais pourquoi faut-il dans notre pays, que ce genre de réflexion se termine toujours par des hausses d’impôts ?