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Après avoir demandé expressément aux Français de rester confinés chez pour stopper la propagation du coronavirus, le Président de la République s'est inquiété de voir l'économie ralentir dangereusement, à mesure que les entreprises ferment leurs portes. Emmanuel Macron exhorte désormais les salariés à travailler, dès que c'est possible. 

Emmanuel Macron a saisi l’occasion d’une visio-conférence avec son Premier ministre pour exhorter les entreprises et les salariés qui le peuvent à ne pas cesser le travail.

C’est à n’y rien comprendre. Après le bâton, la carotte. Après avoir tout fait pour que les Français se confinent chez eux, selon le mot d’ordre gouvernemental, voilà le chef de l’Etat qui rappelle au contraire "l’importance pour les salariés des entreprises", en règle avec les normes sanitaires, "d’aller travailler sur les sites de production". Le message, c’est donc : restez chez vous, mais allez travailler. Pas franchement limpide.

Surtout qu’il n’est pas question de lever le confinement. On parle même déjà de l’étendre au-delà des 15 jours.

Oui, tout ça est assez erratique. En fait, tout vient d’un enchainement malheureux. Il y a tout juste une semaine (ça paraît une éternité…), Emmanuel Macron venait de décider de fermer les écoles et les crèches, mais de maintenir le premier tour des municipales.

Le samedi soir, voyant que les Français n’avaient pas intégré la gravité de la situation, Edouard Philippe fermait tous les commerces non-alimentaires et de soins, et vidait tous les restaurants et les bars.

Le dimanche, sous le soleil, la France jouissait de ce qu’il lui restait de liberté avant le coup de massue du lundi soir : le confinement. Et plus on avançait dans le dispositif, plus les autorités sanitaires et le gouvernement délivraient un message anxiogène sur le danger qu’il y aurait à mettre un pied en dehors de chez soi.

Résultat : des milliers d’entreprises ont fermé leurs portes. Il y a celles qui ont pu s’organiser en télé-travail. La productivité n’est pas forcément toujours la même, mais ça permet de tenir vaille que vaille son marché. Et puis, il y a celles qui ont été obligées de fermer, soit parce que d’autres entreprises, des fournisseurs ou des clients avaient fermé et bloquait le cycle de production, soit parce qu’une partie de leurs salariés ne venaient plus bosser, au nom du droit de retrait. 

Mais s’ils se sentent en danger, ils peuvent le faire ! 

Bien sûr, la question ne se pose même pas. Mais dans les entreprises, et elles sont nombreuses, qui ont mis en place les règles sanitaires exigées, alors le travail devrait être assumé. Or il ne l’est plus dans bon nombre d’entreprises. Et c’est ce qui inquiète le pouvoir : que l’arrêt "puissant, massif, brutal" de l’économie (Edouard Philippe) empêche le retour, un jour, à la normale. Sauf qu’on bute sur la réalité. En particulier sur le manque de masques !

Votre journal, l’Opinion, révèle ce matin les dessous de ce dysfonctionnement majeur. 

Oui, c’est un des points noirs du dispositif : le gouvernement n’arrive pas à expliquer ses choix (ou ses non-choix) sur les masques, sur le stock stratégique, et sa communication sur l’utilité ou non de ces masques est totalement changeante, et toujours en retard. En somme, le gouvernement a été trop négligent sur les masques, mais trop raide sur les modalités du confinement. Pas assez d’un côté, trop de l’autre, c’est compliqué de gagner une guerre sans donner des ordres clairs.