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Après une semaine de couacs et d'interventions peu inspirées, le gouvernement a tenté de reprendre la main sur la communication autour du coronavirus. Samedi, Edouard Philippe et Olivier Véran ont inauguré une nouvelle séquence politique autour d'une nouvelle stratégie contre le virus.

Il y a 2 semaines exactement, Emmanuel Macron s’apprêtait à annoncer le confinement de la France. Depuis, le dispositif s’est durci à plusieurs reprises, et la communication du gouvernement est devenue plus grave…

Oui, pour Edouard Philippe, par exemple, "les 15 premiers jours d’avril seront encore plus difficiles que les 15 jours qui viennent de s’écouler". C’est ce qu’il a déclaré, samedi, pendant sa conférence de presse. Un exercice d’un nouveau genre, très différent des précédents, où la parole a été partagée avec le ministre de la Santé, Olivier Véran, avec le DGS, et avec un scientifique de l’institut Pasteur…

Avec des graphiques et des courbes en appui de ce qu’ils disaient. C’était résolument pédagogique…

En effet, oui. Il était temps. La semaine qui venait de s’écouler avait donné lieu à plusieurs couacs ministériels. Et la prestation d’Emmanuel Macron lui-même avait été plutôt ratée (on l’admet d’ailleurs à l’Elysée) : un propos trop solennel, avec peu d’annonces. Ah si, l’opération Résilience et la montée en puissance de l’armée. Bon, au final, on comprenait que c’était principalement une opération de transport de malades. Et pour le reste, Sibeth N’Diaye parlant "des enseignants qui ne travaillent pas", ou Didier Guillaume, le ministre de l’Agriculture, invitant les gens à aller dans les champs aider les agriculteurs, bonjour la cacophonie…

Il fallait donc reprendre la main…

Remettre de l’ordre dans tout ça, oui. Le Premier ministre a passé une consigne claire à son gouvernement : pas de prise de parole sur les sujets du coronavirus, sauf pour les ministres en charge. Bien, mais naturellement, faire silence dans les rangs ne suffira pas reconquérir le terrain qui a été perdu. Je pense en particulier aux polémiques qui ont porté sur l’absence de masques et de tests, polémiques qui ont abîmé la confiance de l’opinion publique dans la stratégie du gouvernement. Ce à quoi on a assisté samedi (et qui préfigure la séquence politique dans laquelle nous sommes maintenant), c’est deux choses : une nouvelle forme d’expression au service d’une nouvelle stratégie…

Une nouvelle stratégie de lutte contre l’épidémie ?

Oui. A base de multiplication des tests. C’est maintenant la priorité choisie par Emmanuel Macron, car on sait que sans ces tests, la sortie du confinement ne pourra pas se faire en sécurité. Rattraper le retard de la France, dans ce domaine, c’est donc crucial. Et pour éviter les couacs, Emmanuel Macron aura tout intérêt à s’appuyer sur les 3 ministres qui sont en première ligne : Edouard Philippe, qui a été très bon samedi, Olivier Véran la révélation de ces dernières semaines, et Bruno Le Maire, expérimenté et sûr. En rajoutant Jean-Michel Blanquer pour parler aux parents d’élèves, le dispositif devrait pouvoir être fiable.

Assez pour répondre aux polémiques ?

Peut-être pas… Ce qui est sûr, c’est que le monde politique a compris hier, avec la disparition brutale de Patrick Devedjian, que la mort pouvait le toucher, lui aussi. Et ils sont plusieurs à avoir appelé à une sorte de retenue dans le combat politique. C’est la question du jour : seront-ils capables de confiner leur parole politique ?