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Le Premier secrétaire du Parti socialiste et le ministre de l’Intérieur, Olivier Faure et Christophe Castaner, se livrent une véritable guerre de déclarations. Face aux attaques du socialiste, Christophe Castaner a répliqué en mettant en cause sa vie privée, ses problèmes familiaux et ses épreuves sentimentales.

L’affaire Griveaux continue à secouer le monde politique. Cette fois, c’est le gouvernement qui est touché.

Comme chacun sait, c’est dans les épreuves que l’on peut juger du caractère des gens. Ce qui est vrai pour l’homme ou la femme ordinaire l’est encore plus en politique. Là où la force morale, la résistance psychologique peuvent faire ou défaire une réputation. Tenir ses nerfs, maîtriser ses gestes et mesurer ses mots est devenu d’autant plus crucial que tous les politiques vivent désormais sous la surveillance des réseaux sociaux et du digital. Jean-Luc Mélenchon et son célèbre "Ma personne est sacrée" en a récemment fait les frais.

Dans l’affaire Griveaux, la classe politique a été plutôt prudente.

Oui, en distinguant bien la stupidité du comportement de Benjamin Griveaux et la dénonciation infâme dont il a été victime. Disons que, dans un premier temps, tout le monde s’est à peu près tenu.

Il y a donc un deuxième temps ?

Un deuxième temps qui a mis aux prises deux hommes politiques, deux ex-amis dont les trajectoires se sont séparées et qui se détestent désormais. Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS et Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur. Les deux socialistes ont milité ensemble, les deux ont usé leurs semelles sur le chemin de croix de la politique, sans jamais accrocher vraiment la lumière. Jusqu’à ce qu’un coup de dé leur soit favorable. Pour Castaner, c’est le choix de suivre très tôt Emmanuel Macron qui en fera un des principaux piliers de la République. Pour Olivier Faure, c’est la crise du PS qui, après avoir usé des rangées entières de Premiers secrétaires, a fini par lui permettre de prendre la tête de ce parti dévasté. Et ces deux-là se cherchent.

Lequel a commencé ?

Olivier Faure avait accusé l’an dernier le ministre de l’Intérieur de se mettre minable en boîte de nuit, il avait parlé d’une bande d’alcooliques anonymes à propos du parti La République en marche, et a enfin taxé Griveaux d’une "légèreté incroyable". La réplique de Castaner n’a pas été beaucoup plus reluisante puisqu’il a mis en cause la vie privée d’Olivier Faure, ses problèmes familiaux et ses épreuves sentimentales. Pas classe venant d’un ministre et surtout du ministre de l’Intérieur.

C’est-à-dire de celui qui est censé savoir beaucoup de choses ?

Bien sûr, à gauche comme à droite qui condamnent la bassesse du ministre et se demandent s’il a vocation, de par ses fonctions, à divulguer des informations sur la vie privée des gens. "Une faute grave", l’a même accusé Olivier Faure en demandant à Emmanuel Macron "d’en tirer les conséquences". Comme toujours, cette demande c’est la certitude qu’il ne se passera rien, pour ne pas céder à une injonction de l’opposition. Mais à tout le moins, un appel au calme du chef de l’État à ses troupes et un rappel à l’ordre de son ministre seraient bienvenus. Emmanuel Macron avait promis de mettre de la bienveillance en politique, personne n’y avait vraiment cru, mais là, c’est un peu voyant. Surtout que, comme disait ce bon vieux pince-sans rire de Churchill en parlant de ses adversaires politiques "Quand on doit tuer quelqu’un, ça ne coûte rien d’être poli".