Grâce à Insight, on peut entendre souffler le vent sur Mars, une première !

3:30
  • Copié
, modifié à

Ce dimanche, Alain Cirou s'intéresse à au vent qui souffle sur Mars et nous offre une "petite" comète à observer pour Noël.

L’actualité du ciel et des étoiles, des planètes et des comètes, c’est avec vous Alain, et le moins que l’on puisse dire c’est que ce ne sont pas des promesses "en l’air". Puisque cette semaine vous nous proposez d’ouvrir grands nos yeux et nos oreilles.

Oui Bernard : avec une surprise et un cadeau ! La surprise, c’est un son. Grace à la sonde Insight qui s’est posée il y a trois semaines sur Mars, je vais vous faire écouter pour la première fois dans l’histoire de l’humanité le bruit du vent qui souffle à la surface de la planète rouge. Avant de vous le faire entendre, je dois vous dire qu’il n’a pas été enregistré par un micro comme à la radio, mais par un sismomètre et un capteur de pression. C’est important de le savoir parce que les coups de vents font vibrer les panneaux solaires de la sonde et c’est cette vibration que les instruments ont enregistrée. Un peu comme un drapeau qui flotte dans le vent où le bruit des haubans sur les mats des voiliers. On écoute donc l’effet du vent sur Mars !

C’est extraordinaire ! Il y a beaucoup de vent sur Mars ? Ça souffle fort ? Et comment se porte la sonde ?

La sonde va très bien ! Et cet enregistrement en est une preuve. Tout simplement parce que sur Mars il y a très peu d’atmosphère : à peu près un centième de l’atmosphère terrestre. Et quand il y a du vent, avec une atmosphère aussi ténue, on ne sent pratiquement rien. C’est imperceptible. Le fait que la sonde enregistre ces petites bourrasques de vent montre qu’elle est extrêmement sensible à son environnement et qu’elle va pouvoir dans quelques semaines commencer son vrai travail scientifique qui consiste à écouter, comme un médecin avec un stéthoscope, battre le cœur de Mars.

Je voudrais conclure sur cette première nouvelle en vous précisant qu’en 2020 la prochaine sonde américaine qui partira vers Mars va embarquer – entre autre – un micro français. Pour écouter le bruit du rover, le vent et le son des tirs lasers sur roches, ce qui permettra d’en déduire leur dureté.

Alors ça c’était la surprise. Venons-en au cadeau… Qu’est-ce que vous nous avez amené ?

Une comète dans le sapin ! Que serait Noël sans un "astre surprise" dans le ciel. Traditionnellement on la trouve partout : c’est la peinture de Giotto avec l’étoile des rois mages qui guide les sages d’Orient vers la crèche de Bethléem. Et bien cette année la Nature, qui n’est jamais en panne d’imagination, nous donne à voir dès maintenant une petite comète visible à l’œil nu et aux jumelles : la comète Wirtanen. Et pour vous prouver qu'elle existe, et vous donner une idée de sa forme, nous avons mis sur le site internet d’Europe 1, une photo originale de cette visiteuse de la nuit.

Comment fait-on pour la voir ? Dans quelle région du ciel ? Est-ce possible à l’œil nu ?

Je l’ai personnellement observée à l’œil nu et aux jumelles le week-end dernier !  C’est une petite tache floue que vous pouvez voir idéalement vers 22h30-23h, si vous vous éloignez des lumières artificielles, si le ciel est bien noir, et si vous regardez assez haut dans le ciel, dans la constellation du Taureau, entre deux petits groupes d’étoiles, les Hyades et les Pléïades.

La carte du ciel pour trouver la comète Wirtanen

© Crédit : Tommy Eliassen Photography

Elle n’est pas très difficile à voir, il faut juste un bon ciel, et surtout pas de lumière pour laisser vos yeux s’acclimater à l’obscurité. Je conseille une bonne paire de jumelles, c’est plus joli, plus lumineux. Et cette nuit, si vous réussissez à l’observer, elle est aussi au plus près de la Terre à 11,6 millions de kilomètres d’ici. Trente fois la distance Terre-Lune !

D’où vient cette comète, on la connaissait ?

Oui, c’est une comète bien connue des astronomes qui a failli devenir célèbre pour le grand public. Elle était la première cible de la sonde Rosetta avant que son lancement ne soit retardé en raison de l’explosion de la première Ariane 5. A sa place, c’est la comète Tchury qui lui a été préférée. Mais il semblerait bien qu’en ce Noël 2018 elle ait décidé de prendre sa revanche !