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SAISON 2020 - 2021, modifié à

Le château de Blois est, à lui seul, une rétrospective architecturale, du Moyen Âge à Louis XIII, mais c’est la Renaissance qui en a fait une authentique demeure royale ! Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio “Au cœur de l’Histoire”, Jean des Cars achève son parcours au bord de la Loire en retraçant l’histoire de cet édifice élégant et raffiné qui a connu des heures sombres…

L’assassinat du duc de Guise, l’évasion de Marie de Médicis, l’exil de Gaston d’Orléans… Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'histoire", Jean des Cars vous raconte les faits historiques majeurs qui se sont déroulés au bord de la Loire, derrière les murs hétéroclites du château de Blois…

En 1588, c’est à Blois que se joue le destin de la France. Henri de Guise, lieutenant général du royaume, chef du parti catholique appelé la Ligue, tout puissant à Paris et soutenu par le roi d’Espagne, a obligé le roi Henri III, troisième fils de Catherine de Médicis, à convoquer les Etats-Généraux. Ceux-ci se tiennent dans l’immense Salle des Etats du château de Blois. 

Le duc de Guise et le parti catholique réclament, tout simplement, la suppression de la religion protestante. Les cinq cents représentants réunis à Blois sont tous acquis à leur parti. Le duc veut obtenir soit la déchéance du roi, soit sa totale soumission. Ce dernier devra accepter que les décisions prises à Blois par les trois ordres deviennent des lois du royaume. 

Henri III est furieux. C’est un affront à son autorité royale. Il ne voit plus qu’une solution pour s’imposer : se débarrasser de son rival et cousin, le très populaire duc de Guise, surnommé le Balafré depuis une blessure infligée lors d’une bataille, treize ans plus tôt, contre les huguenots. 

Le roi peut compter sur sa garde rapprochée : quarante-cinq gentilshommes sans fortune qui seront immortalisés par Alexandre Dumas dans son célèbre roman “Les quarante cinq”.

Il en choisit vingt pour éliminer Guise. Huit d’entre eux, armés de poignards dissimulés sous leurs manteaux, se tiennent dans la chambre du souverain. Assis sur des coffres, ils semblent deviser paisiblement. Les douze autres, armés d'épées, sont dans le cabinet vieux, une pièce située à gauche de la salle du Conseil. Dans l’oratoire du cabinet neuf, à droite de la chambre du roi, deux prêtres prient, à la demande de Henri III, pour la réussite de ce funeste plan.

Le duc de Guise se trouve maintenant dans la salle du conseil, en compagnie de quelques hauts personnages de la Cour. Il s’est levé à six heures du matin, après avoir passé la nuit avec sa maîtresse, Charlotte de Sauves, une des plus jolies représentantes du fameux “escadron volant” imaginé par Catherine de Médicis pour distraire élégamment et galamment les jeunes hommes de la Cour.

Après ces heures de plaisir, le duc a froid et faim. Tout en se réchauffant à côté de la cheminée, il grignote quelques prunes qu’il gardait dans son drageoir. Le Conseil commence. Le secrétaire d’Henri III le prévient que le roi l’attend dans le cabinet vieux. Pour s’y rendre, Guise doit traverser la chambre du souverain car deux jours plus tôt la porte faisant communiquer la pièce avec la salle du conseil a été murée, en vue du forfait. Le duc pénètre dans la chambre. Les conjurés le saluent, puis il se dirige vers la cabinet vieux mais il aperçoit, au fond du couloir qui y conduit, des hommes qui l’attendent l’épée à la main. Il tente de reculer mais les spadassins qui étaient dans la chambre lui coupent sa retraite, se jettent sur lui et enroulent son manteau autour de son épée pour qu’il ne puisse la tirer. Mais l’homme est grand et fort : il parvient à renverser quatre de ses agresseurs et en blesse un au front avec son drageoir. C’est alors que les autres conjurés se précipitent et le lardent de coups d’épées, une trentaine dira-t-on. 

Le duc tombe aux pieds du lit du roi en murmurant : “Ayez pitié mon Dieu”... Un certain Loignac l’achève en lui enfonçant son épée dans les reins. Henri III sort alors de la tenture où il s’était dissimulé. Après avoir souffleté le cadavre, il prononce une phrase devenue célèbre : “Mon Dieu ! qu’il est grand ! Il est encore plus grand mort que vivant…”

Frappant du pied sur l’estomac du duc, dans une sorte de transe il dit encore : “Nous ne sommes plus deux. Je suis roi maintenant…”

Puis, ragaillardi, il se précipite dans la chambre de sa mère, Catherine de Médicis, située au premier étage. Il lui annonce joyeusement la mort du duc de Guise. La Reine-mère n’a jamais eu sur son troisième fils le pouvoir qu’elle avait sur les deux autres. Il lui dit :“Je n’ai plus compagnon, le roi de Paris est mort.”

Elle lui répond, consternée :“Dieu veuille que vous ne soyez pas devenu le roi de rien du tout.” 

Le lendemain, 24 décembre 1588, le cardinal de Lorraine, archevêque de Reims et frère du duc, enfermé aussitôt après l’assassinat de son frère, est également exécuté, par trois hommes. Une semaine plus tard, Catherine de Médicis meurt, sans doute anéantie par l’impardonnable faute de son dernier  fils. 

Le 16 janvier 1589, les Etats Généraux se clôturent dans un indescriptible chaos politique. La colère des catholiques est terrible après la mort de leur chef. En représailles, le 1er aout 1589, Henri III est assassiné, à Saint Cloud, par un moine fanatique, Jacques Clément. Le roi n’expire que le lendemain. La France est bouleversée par ce régicide. C’est une véritable guerre civile. Comme Henri III n’avait pas d’enfant, l’héritier suivant est Henri de Navarre. Il est protestant mais il parviendra quand même à conquérir le trône de France au prix d’une guerre civile et d’une conversion.

Blois a été le théâtre d’un assassinat abominable aux conséquences terribles. Pourtant, à l’origine, le château avait été conçu pour le plaisir et l’agrément des rois qui l’avaient embelli…. 

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1440 : Charles d’Orléans hérite du château de Blois

Sur une colline dominant la rive droite de la Loire aux portes de la Sologne, un donjon a été construit dès le IXème siècle par Robert le Fort. C’est le premier château de Blois. En 975, Thibault Ier, comte de Chartres, s’en empare et devient comte de Blois. Le château s’agrandit avec la construction, au XIIIe siècle de la Salle des Etats Généraux, qui en fait l’un des plus beaux de la région. 

En 1392, le dernier comte des lieux, Guy de Châtillon, vend le comté de Blois au duc d’Orléans, frère du roi Charles VI. Ambitieux et intrigant, le duc d’Orléans est le rival du duc de Bourgogne, Jean Sans Peur. En 1404, cette rivalité tourne à la haine. En novembre 1407, à Paris, Louis d’Orléans est assassiné sur ordre de Jean Sans Peur. Ce sont les débuts d’une guerre civile qui va opposer les Armagnacs qui voulaient venger le duc d’Orléans aux Bourguignons, partisans de Jean sans Peur, duc de Bourgogne. La veuve du duc d’Orléans, Valentine Visconti, se retire à Blois et grave sur les murs : “Rien ne m’est plus, plus ne m’est rien”.

En 1439, Charles VII, qui a rétabli son autorité royale grâce à Jeanne d’Arc, convoque les Etats Généraux à Orléans où il réside. Quelques princes, à l’instigation de Dunois, compagnon de Jeanne d’Arc et bâtard du duc d’Orléans, contestent les réformes royales. Parmi ceux-ci, le duc d’Alençon, Louis de Bourbon, et surtout le dauphin, futur Louis XI. Cette révolte s’organise au château de Blois. 

Charles VII réagit vivement avec son armée. Il mate les princes et les révoltés en juillet 1440 et envoie son fils en exil en Dauphiné. Ce complot fomenté à Blois a reçu le nom de “Praguerie” en référence à une révolte des Tchèques, à Prague. Cette même année 1440, le demi-frère de Dunois, l'aîné des fils légitimes de Louis d’Orléans, Charles, hérite du château où il a passé sa jeunesse. Charles d’Orléans, deux fois veuf, prisonnier des Anglais pendant vingt-cinq ans après Azincourt, est devenu poète dans ses geôles. 

Il a 46 ans lorsqu’il revient en France. Il s’installe à Blois en 1450 avec sa très jeune épouse Marie de Clèves, 14 ans, dont il est très amoureux. Dans leur résidence, le duc et la duchesse d’Orléans organisent des jeux poétiques où chacun peut concourir. A douze poètes, on donne un thème et un premier vers, et chacun doit improviser la suite. François Villon en fera partie.

En 1462, la duchesse d’Orléans donne enfin un fils à son époux. Il était temps : Charles a 71 ans ! Le jeune Louis d’Orléans, va grandir à Blois. C’est là qu’en 1498, des cavaliers venus d’Amboise lui annoncent la mort accidentelle de Charles VIII. Le défunt roi n’a pas d’héritier mâle. C’est donc Louis, duc d’Orléans, 36 ans, qui devient roi de France sous le nom de Louis XII.

Louis XII embellit Blois pour son épouse Anne de Bretagne

Après quelques péripéties, et avec l’accord du pape, Louis XII, séparé de sa première épouse, se remarie avec la veuve de Charles VIII, la duchesse Anne de Bretagne. C’est évidemment une union politique qui permet de maintenir la Bretagne dans le royaume de France. Mais curieusement, c’est aussi un mariage d’amour. 

Il va se passer alors une étonnante histoire : Anne de Bretagne quitte le château d’Amboise que Charles VIII avait embelli pour elle pour s’installer au château de Blois dont Louis XII fait sa résidence royale. Et tout comme Charles VIII à Amboise, Louis XII y fait de grands travaux d'embellissement pour sa nouvelle épouse. Il ajoute au château de nouveaux logis royaux. Il faudra dix ans pour en achever la construction. 

Les deux nouvelles ailes sont construites en briques et en tuffeau, coiffées par des toits d’ardoise. Des galeries ornées d’arcades en forme d’anses de paniers vont desservir les salles et les appartements du rez-de-chaussée. Le portail d’entrée de l’aile Louis XII est de style gothique. Une niche à mi-hauteur abrite une statue équestre du souverain. Tout comme son prédécesseur Charles VIII, Louis XII ira guerroyer en Italie. Il sera tout aussi émerveillé par ses découvertes et les ailes Louis XII du château de Blois sont un harmonieux mélange de gothique finissant et des débuts de la Renaissance italienne… 

Le mariage du futur roi François Ier

En 1504 et 1505, Louis XII, de retour d’Italie, fatigué et déprimé, signe à Blois deux traités par lesquels il renonce à ses prétentions sur l’Italie. A sa fille Claude, fiancée malgré son très jeune âge à Charles de Habsbourg, le futur Charles Quint, il donne en dot, non seulement le Milanais, mais aussi Gênes, la Bourgogne et la Bretagne. Un désastre ! 

Rapidement, le roi reprend ses esprits. Conseillé par son épouse Anne de Bretagne, il convoque, en 1506, les Etats Généraux qui annulent les clauses du contrat de mariage de Claude et du futur Charles Quint. La princesse va changer de fiancé ! Les trois fils que la reine Anne a donnés à Louis XII sont morts. L’héritier du trône est donc un cousin, François d’Angoulême (le futur François Ier), que le roi a installé à Amboise, avec sa mère et sa sœur. Claude va l’épouser, ce qui permettra à la France de garder la Bourgogne et la Bretagne. Quant à l’Italie, tous les espoirs sont encore permis ! Le mariage a lieu : François d’Angoulême épouse la princesse Claude.

Le 9 janvier 1514, la reine Anne meurt à Blois. En octobre, Louis XII se remarie avec la sœur du roi d’Angleterre Henry VIII, Mary, âgée de 16 ans. Lui en a 52… Il meurt un an plus tard. Heureusement pour François d’Angoulême, le défunt roi n’avait pas eu le temps de concevoir un héritier avec Mary !

Le rêve italien de François Ier se réalise à Blois

Le 1er janvier 1515, François Ier succède à son beau-père et cousin Louis XII. Avec sa jeune épouse Claude, il s’installe à Blois, qu’il apprécie autant qu’Amboise. De 1515 à 1524, pour Blois, c’est l’âge d’or de la Renaissance que Louis XII avait déjà introduite par ses contacts au-delà des Alpes. Durant cette période, François Ier confie à l’architecte Jacques Sourdeau la construction de l’aile magnifique, qui va porter son nom. C’est, sans aucun doute, la plus belle partie du château. Cette-fois, il n’y aura plus de briques mais uniquement de la pierre blanche. Sur la partie du bâtiment qui domine la Loire, voici la superbe façade des loges. Laissons Balzac nous la décrire : “Les balcons sur lesquels on se promène, les galeries, les fenêtres sculptées dont les embrasures sont aussi vastes que des boudoirs, ressemblent aux fantaisies peintes des décorations de nos opéras modernes, quand les peintres y font des palais de fées.”

La façade donnant sur la cour est toute aussi spectaculaire. Un extraordinaire et célèbre escalier à vis y est ajouté. L’escalier de Blois rejoint les deux corps de logis. Il s’élève dans une cage octogonale évidée, formant une série de quatre balcons. La Cour peut y assister à l’arrivée des grands personnages lors des somptueuses fêtes données par le Roi-Chevalier. Ce chef d'œuvre permet au monarque d’apparaître dans toute sa gloire. L’élégant et séduisant souverain peut s’arrêter lors de sa montée ou de sa descente dans chaque loggia ouverte dans la tour. Blois devient le théâtre mettant en scène le pouvoir royal.

La Cour est peuplée de femmes ravissantes auxquelles le monarque est fort sensible, lui qui avait affirmé que “une Cour sans dames est un jardin sans belles fleurs”. Comme pour l’approuver, le poète Ronsard écrit :  “Blois, naissance de Ma Dame, Séjour des Roys et de ma volonté, Habite Amour en ta ville à jamais.”

Blois est une immense fête royale. Mais en juillet 1524, la reine Claude y meurt à 25 ans. En huit années, elle avait donné sept enfants à François Ier. Hélas, lors de sa mort, le roi n’est pas présent : il est prisonnier de Charles Quint à Madrid. Elle a donné son nom à la plus savoureuse des prunes. Le souverain la pleure longtemps, bien qu’il l’ait beaucoup trompée. Il se remarie avec la sœur de Charles Quint, Eléonore de Habsbourg. Les deux rivaux sont maintenant beaux-frères !

François Ier, monarque mécène, n’a pas seulement soutenu et attiré d’immenses artistes. Il a laissé sa marque à Blois et à Fontainebleau, sans oublier l’admirable Chambord. Il a ordonné aux imprimeurs de lui remettre un exemplaire de chaque nouveau livre paru. C’est l’origine de notre Dépôt Légal. Mais les souvenirs de ses fêtes mémorables vont être balayés par la tragédie de l’assassinat du duc de Guise en 1588, que je vous ai raconté au début de ce récit. Auparavant, on disait “Château de Blois, château des Rois”. On dit maintenant “Château de Blois, château d’effroi”... 

Une sorte de malédiction va alors s’abattre sur le château que les rois vont abandonner. Mais deux personnages pittoresques vont bientôt refaire parler de Blois…

Marie de Médicis s’évade du château de Blois

Le 26 avril 1617, Marie de Médicis est exilée par son fils, Louis XIII, dans ce château maudit. C’est la conséquence de la Journée des Dupes où le roi a fait exécuter le Premier ministre de sa mère, Concini, et décidé de prendre le pouvoir. Marie de Médicis s’installe donc à Blois, plutôt confortablement. Elle y arrive avec ses ministres, exilés eux-aussi, mais aussi ses dames d’honneur, femmes de chambre, chanteurs et musiciens, médecins, cuisiniers et une partie de sa garde personnelle. La Reine-mère meuble son exil en organisant dîners, concerts, ballets et autres spectacles de comédie. Elle en profite aussi pour dresser contre son fils quelques hauts personnages, dont Richelieu. 

En réalité, elle déteste être emprisonnée à Blois et prépare son évasion. Dans la nuit du 20 au 21 février 1619, la veuve d’Henri IV est prête. Elle doit s’enfuir par une fenêtre de son appartement avant de rejoindre un carrosse en bas, au bout du pont sur la Loire. A trois heures du matin, il fait noir et il fait froid. Marie retrousse sa robe et enjambe la croisée suivie de sa servante, d’une de ses naines et de deux valets italiens. C’est là que le burlesque prend le relais : la Médicis a beaucoup grossi, son embonpoint l’empêche d’aller aussi vite qu’il le faudrait ! Arrivée sur la terrasse du château, elle est prise de vertiges. Il faut l’enrouler dans un manteau, nouer autour d’elle une corde pour la descendre en bas des remparts, sur une trentaine de mètres… La fugitive atterrit dans des gravats ! 

Des passants, certains qu’il s’agit d’une fuite amoureuse, lancent des commentaires grivois ! Marie est aux anges ! En route, elle a perdu une de ses cassettes mais un valet la retrouvera plus tard. Les évadés franchissent le pont sur la Loire dans une brume glacée. Et là, catastrophe ! Pas de carrosse ! En fait, il est là, un peu en retrait. La brume le cachait. Tout le monde se hisse à l’intérieur tant bien que mal. Et fouette cocher ! Direction le château de Loches.

Evidemment, Louis XIII est furieux de l’évasion de sa mère qui tente de lui faire croire qu’elle a été enlevée ! C’est Richelieu, passé du côté du roi, qui va réussir, enfin, à réconcilier la mère et le fils. Blois retombe dans l’oubli. Sept ans plus tard, Louis XIII le donne en apanage à son frère cadet, Gaston d’Orléans.

L’exil de Gaston d’Orléans, prince frondeur

Gaston a toujours été jaloux de son frère, il ne cesse d’intriguer. Opposé à Richelieu, il se compromet avec les Espagnols puis il participe à deux conspirations contre Louis XIII, celle de Chalais et celle de Cinq-Mars. Cet ex-favori du roi sera décapité. Quant à Gaston, le souverain ne peut plus le supporter. Il l’exile à Blois. 

Le prince va alors entreprendre de grands travaux qu’il confie à Mansart. Il fait démolir l’aile dans laquelle vivait Marie de Médicis pour la remplacer par l’aile Gaston d’Orléans, d’un style XVIIe, parfaitement classique. Il est persuadé que sa belle-soeur, Anne d’Autriche, est stérile et qu’à la mort de son frère, il deviendra roi. Hélas, tous ses espoirs s’envolent lorsque la reine met enfin au monde un fils, Louis, le futur Louis XIV, en 1638, après 23 ans de mariage ! Les travaux en resteront à l’édification de l’aile Gaston d’Orléans, heureusement pour Blois car le turbulent prince s’apprêtait à détruire les ailes Louis XII et François Ier pour faire du château une demeure totalement classique… 

En 1642, après la mort de Richelieu, Gaston d’Orléans rentre en grâce auprès de son frère. Il s’illustre sur les champs de bataille contre les Espagnols avant de retomber en disgrâce… Mazarin l’assigne à nouveau à résidence à Blois en 1652. Il y meurt en 1660.

Blois tombe alors aussi en disgrâce, au point que le château se dégrade. Louis XVI ordonne de le vendre ou, à défaut d’acquéreur, de le démolir. Sa transformation en caserne va le sauver. Il subira quelques avanies pendant la Révolution mais rien de définitif. En 1808, son état est inquiétant et le préfet du Loir-et-Cher recommande sa démolition. Mais le Conseil des Bâtiments Publics s’y oppose. Blois est à nouveau sauvé ! 

En 1810, Napoléon transfère la propriété du château à la ville de Blois. C’est un cadeau empoisonné car elle n’a pas les moyens de l’entretenir. Il faudra attendre Louis-Philippe pour qu’une grande campagne de restauration commence en 1845. Le roi des Français y fait aménager des appartements dont il ne profitera pas longtemps. Mais le château sera désormais entretenu. Une nouvelle restauration a eu lieu en 1990. Diverses peintures demeurent cependant, qui relatent l’assassinat du duc de Guise, comme si la malédiction du château était ineffaçable… 

 

Ressources bibliographiques :

Jean-Christian Petitfils, Louis XIII (Perrin, 2008)

Jean-Pierre Babelon (direction), Le Château en France (Berger-Levrault/Caisse Nationale des Monuments Historiques, 1986)

Jean des Cars, Les châteaux de la Loire (Perrin, 2009)

 

"Au cœur de l’Histoire" est un podcast Europe 1 Studio

Auteur et présentation : Jean des Cars
Production, diffusion et édition : Timothée Magot, Salomé Journo
Réalisation : Jean-François Bussière
Graphisme : Karelle Villais