Varin : l'exécutif est-il pour ou contre la retraite chapeau ?

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CACOPHONIE - L'ex-patron de PSA va toucher une retraite monstre malgré des résultats peu probants. Pourtant… 

Le Foll tacle. "Quelle image, quelle idée on donne de l'exemplarité ? Franchement, quelque part, ça me met un peu en colère", s'est indigné jeudi Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, au sujet de la retraite chapeau de Philippe Varin, qu'il a jugé "inacceptable". L’ancien PDG de PSA bénéficiera d’une retraite chapeau d’environ 300.000 euros par an, malgré des résultats mitigés à la tête du constructeur automobile.

Macron soutient. Mais le porte-parole du gouvernement ne semble, en la matière, porter que sa propre parole. Dans une lettre envoyée à l'AFP, Emmanuel Macron a, lui, apporté tout son soutien au chef d'entreprise…. Et même tout le soutien du gouvernement. "Le gouvernement maintient sa confiance dans Philippe Varin. La retraite aujourd'hui touchée par Philippe Varin est bien conforme aux engagements pris par celui-ci en 2014 et aux dispositions votées par l'assemblée générale de PSA la même année", a défendu le ministre de l'Economie.

Pourquoi Bercy accepte "l'inacceptable" ? Stéphane Le Foll a été le premier membre du gouvernement à réagir, après les révélations du montant de la nouvelle retraite chapeau par le site Deontofi.com. Et le porte-parole du gouvernement s'exprimait "pour sa part".

Après avoir vérifié d'où venait ce chiffre, les services de Bercy ont finalement conclu que la retraite n'était pas tant "inacceptable" que ça. Dans l'entourage du ministre de l'Economie, une source proche observe que "cette retraite est conforme au code Afep/Medef et plus de deux fois inférieure au montant initialement prévu".

Varin PSA

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En 2013, en effet, la CGT révélait que PSA avait budgété une retraite de plus de 600.000 euros par an sur 25 ans pour son dirigeant. "Compte tenu de la polémique que ce sujet a suscitée, de l'émotion dans notre pays qui a aujourd'hui besoin d'être rassemblé plutôt que divisé, (...) j'ai décidé de renoncer aux dispositions actuelles de mes droits à retraite", avait alors annoncé Philippe Varin. Mais renoncer aux dispositions "actuelles" ne voulait pas dire renoncer à toute retraite. Philippe Varin avait assuré à l'époque "s'en remettre au Conseil de surveillance de PSA". Libre à ce dernier, donc, de lui calculer une nouvelle retraite. Ce qu'il a fait.

Et si Bercy se montre conciliant avec le nouveau montant de la retraite chapeau, c'est parce que PSA a pris en compte "les recommandations de l'AFEP/MEDEF". Ces recommandations proviennent d'un code concocté par les organisations patronales après une pression du gouvernement, en juin 2013. Ce dernier impose des limites aux retraites chapeaux, et PSA les a prises en compte pour la nouvelle retraite de Philippe Varin.

Varin, un homme qui compte toujours. En outre, si le gouvernement se montre conciliant avec l'ex-dirigeant de la marque au lion, c'est qu'il a encore besoin de lui. Philippe Varin n'est pas vraiment à la retraite : il est encore président du conseil de surveillance d'Areva, qui vient d'annoncer une vaste restructuration et des milliers de suppressions de postes. "Il ne faudrait pas que cette polémique ancienne vienne perturber la restructuration actuelle. Cela risque de fragiliser Philippe Varin", décrypte pour Europe 1 l'éditorialiste Axel de Tarlé, qui conclut : "ce n'est peut-être pas un hasard si cette affaire sort aujourd'hui".