Usine Tupperware de Joué-lès-Tours : "On doit replonger dans un marché du travail qu’on ne connait pas"

© JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
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Pauline Jacot, édité par R.Da.
Toute l'usine française du célèbre fabricant de boîtes en plastique est à l'arrêt, quelques semaines avant sa ferme définitive. Les 235 salariés demandent de meilleures conditions de départ.
REPORTAGE

"Prénom : Jean-Marie. Ancienneté, 30 ans, viré en 30 minutes". Voilà l’un des messages que l’on peut lire sur les 235 tee-shirts accrochés le long des grilles fermées de l’usine Tupperware de Joué-lès-Tours, en Indre-et-Loire. Les 235 employés de la dernière usine française du fabriquant de boîtes alimentaires protestent contre le plan social proposé alors que le site doit fermer à la fin du mois de février. L’annonce a été faite par Tupperware le 19 octobre, invoquant le "ralentissement de [son] activité en France". Les salariés, la plupart en fin de carrière, demandent de meilleures conditions de départ.

"Un PSE au ras des pâquerettes". Joseph est l’un de ces salariés en grève. Comme tout le monde à l'usine de Joué-lès-Tours, il est dégoutté par les conditions de départ annoncées par la direction. "Ça fera 37 ans que je travaille là, et j'ai le droit à 6 mois de salaire", déplore-t-il. "C'est une boîte qui a beaucoup d'argent et ils n'hésitent pas à nous virer avec un PSE qui est fait au ras des pâquerettes. À 57 ans, je ne me fais pas d'illusion dans la région. Je vais me sentir seul". Pour tenir jusqu’à la retraite, il compte enchaîner les petits boulot : CDD et intérim.

Des salariés peu diplômés face au marché du travail. La moyenne d’âge à l’usine est de 51 ans. Marie y est entrée à 20 ans, elle n’a jamais quitté son poste depuis. "C'est bien joli de mettre tout le monde dehors, mais après ? C'est déjà compliqué de chercher du boulot mais quand vous dites que vous avez 54 ans…", explique-t-elle. "On ne laisse pas partir les gens comme ça, c'est pas possible. Pour toutes ces années que l'on a données : un peu de respect !"

Souvent, des coups de klaxon viennent témoigner de la solidarité des habitants qui passent devant les grilles de l'usine en voiture. Tupperware c’est une famille, disent tous ses salariés. "On doit maintenant replonger dans un marché du travail qu’on ne connait pas", souffle Sophie, 50 ans. "On est tous arrivés jeunes dans l'entreprise, on n'a pas vraiment de diplôme en main. Il faut s'y remettre comme quelqu'un qui sort de l'école et qui va chercher du travail. Ça va être le plus dur".

Une nouvelle réunion avec la direction. Plus de formation, plus d’indemnités, le mot d’ordre des salariés c’est de continuer à se battre pour sauver tout ce qui peut être sauvé. Une nouvelle réunion doit avoir lieu en fin de matinée dans l'usine entre syndicats et direction pour négocier ces conditions de départ.