«Une pointe d'opportunisme», avec les tensions en mer Rouge, les armateurs font grimper la facture

Le Français CMA-CGM a doublé ses tarifs pour les échanges entre l'Asie et la Méditerranée.
Le Français CMA-CGM a doublé ses tarifs pour les échanges entre l'Asie et la Méditerranée. © Christophe SIMON / AFP
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Margaux Fodéré / Crédit photo : Christophe SIMON / AFP
Depuis plusieurs semaines, les rebelles Houthis attaquent des navires de commerce en Mer Rouge, les obligeant à détourner leur route. Les effets négatifs sur les usines européennes commencent à se ressentir. Mais, d'une certaine manière, la situation fait fructifier les affaires des transporteurs maritimes.

Le canal de Suez est l'une des voies maritimes les plus fréquentées au monde. Une cinquantaine de navires l’empruntent chaque jour, notamment pour le transport de pétrole ou de produits finis comme des vêtements ou des meubles. Mais depuis quelques semaines, les rebelles Houthis attaquent des navires de commerce en mer Rouge, les obligeant à modifier leur itinéraire. Si certains navires continuent de passer par le Nord de la mer Rouge, la grande majorité des porte-conteneurs détournent leur route vers le Cap de Bonne Espérance, au sud de l’Afrique.

De quoi provoquer une explosion des tarifs du fret maritime. Ce lundi, le Français CMA-CGM, troisième armateur mondial, a doublé les siens pour les échanges entre l’Asie et la Méditerranée. Alors que le risque pour la sécurité des équipages est élevé, la situation fait fructifier les affaires des transporteurs maritimes. 

 "Au-delà de 3.500 dollars, on ne serait plus sur quelque chose de raisonnable"

"La situation actuelle, les compagnies maritimes ne l’ont pas voulue. Par contre, elles font force d’adaptation. Il y a une pointe d’opportunisme de la part des compagnies maritimes qui embrassaient 2024 d’une façon assez négative", explique Jérôme de Ricqlès, expert maritime chez Upply. Concrètement, pour un conteneur de 40 pieds standard, qui transite de Shangaï vers Le Havre, les tarifs sont passés de 1.800 dollars en décembre, à 3.500 dollars aujourd’hui en moyenne. 

Des sommes qui pourraient même grimper davantage. "Au-delà de 3.500 dollars, on ne serait plus sur quelque chose de raisonnable. Ça pourrait être incitatif pour les clients distributeurs d’augmenter leurs prix de détail", ajoute Jérôme de Ricqlès. Des prix de vente en hausse risqueraient ainsi de relancer l’inflation, alors qu’elle poursuit son lent ralentissement en France et en Europe.