Emmanuel Macron 1:29
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Mathilde Durand
"Travailler et produire davantage" pour reconstruire l'économie. La formule employée par Emmanuel Macron dans son discours dimanche soir a interpellé, si bien que Bruno Le Maire en a précisé le sens ce lundi. Pour le ministre de l'Economie, il n'est pas question d'un retour sur les 35 heures.
DÉCRYPTAGE

La crise sanitaire a laissé l'économie française exsangue. "La seule réponse est de bâtir un modèle économique durable plus fort, de travailler et de produire davantage pour ne pas dépendre des autres", a affirmé Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée dimanche soir. Mais que signifie réellement cette formulation ? Les Français devront-ils travailler plus pour éponger les conséquences financières du covid-19 ? "Travailler et produire davantage", cela signifie "travailler tous" a précisé le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, lundi au micro de Franceinfo. 

Dans l'esprit du ministre, le but n'est pas de renoncer à des jours de congés ou de RTT, mais plutôt de trouver un poste aux jeunes qui entrent sur le marché du travail dans quelques mois. Il faudra aussi être vigilant quant à l'emploi des seniors, et faire attention à ce qu'on ne licencie pas massivement des personnes de plus de 50 ans par solution de facilité. 

Des exonérations de charges ou encore des primes à l'embauche

Pour l'économiste Nicolas Bouzou, interrogé par Europe 1, il est nécessaire d'ancrer de nouvelles habitudes pour faire face à la crise. "On est dans une situation économique qui est extrêmement grave avec une récession qui sera la plus forte depuis les années 1940", constate-t-il. "Il faut en sortir, c'est un devoir collectif notamment pour les jeunes. Et c'est la vitesse à laquelle on en sort qui est la plus importante."

"C'est-à-dire que si on en sort dans un an et demi, qu'on a retrouvé un niveau économique normal, tout ceci sera un très mauvais souvenir mais ce ne sera pas plus grave que cela. Mais si on retrouve un niveau d'activité normal dans trois ou quatre ans, c'est une génération entière de jeunes que l'on va sacrifier", déplore-t-il. Les solutions résident dans les plans de relance mis en place par le gouvernement, mais également dans de nouvelles mesures sur le marché du travail, comme des aides sur l'apprentissage, des exonérations de cotisations ou encore des primes à l'embauche.

Pas de remise en cause des 35 heures

Pour évacuer toute mauvaise interprétation de la formule du président de la République, Bruno Le Maire a donc écarté les pistes plusieurs fois évoquées dans le débat politique récent, notamment celle d'une mise entre parenthèses des 35 heures pour permettre aux entreprises de relancer de façon plus massive leur activité. Muriel Pénicaud, ministre du Travail, avait déjà dit à plusieurs reprises cette semaine que le régime juridique actuel de la durée du travail offrait suffisamment de souplesse et qu'il n'était pas nécessaire d'ouvrir une nouvelle brèche.

Alors comment faire en sorte que ce "travailler tous" se concrétise, sachant que 800.000 emplois devraient disparaître dans les mois qui viennent ? C'est l'objet des discussions actuelles entre partenaires sociaux et le ministère du Travail. Les discussions porteront notamment autour de l'activité partielle de longue durée, que le gouvernement souhaite mettre en place et qui conditionnera une poursuite du versement des aides de l'Etat à un engament par les entreprises de maintien des emplois.