Bosch veut supprimer 750 postes sur le site de Rodez. Image d'illustration. 1:25
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Olivier Samain avec AFP, édité par Guilhem Dedoyard
Bosch va supprimer 750 postes dans son usine de Rodez d'ici à 2025 en raison de la contraction du marché du diésel ces dernières années, amplifiée par la crise du coronavirus. Les salariés dénoncent une "trahison" de l'accord passé en 2018 tandis que la direction juge cette décision "indispensable".

Plus de la moitié des salariés de l'usine Bosch de Rodez vont voir leur emploi supprimé. L'équipementier automobile allemand, spécialisé dans les injecteurs et les bougies pour moteurs diesel, veut supprimer 750 postes d'ici à 2025. Un séisme dans cette zone où il était le premier employeur privé, avec 1.250 salariés. La direction met en avant la chute des ventes de voitures diesel pour expliquer cette décision mais les syndicats, eux, dénoncent une trahison des engagements pris en 2018.

Une mesure "indispensable" pour la direction

Entre 2018 et 2020, la production d'injecteurs diesel a été divisée par deux à Rodez. Les Européens se détournent des véhicules diesel et l'usine Bosch en subit le contrecoup. La situation s'est aggravée avec la crise mondiale et l'épidémie de Covid. Le président de Bosch pour la France et le Benelux, Heiko Carrie, juge ainsi la mesure "indispensable" dans le contexte actuel. "La volonté est d'éviter les départs contraints" par le biais de retraites anticipées et de départs volontaires, avance le dirigeant qui entend voir partir 150 salariés dès 2021.

Le groupe Bosch affirme néanmoins sa volonté de maintenir l'activité industrielle sur le site et mise pour cela sur la diversification amorcée il y a deux ans. Cette restructuration, assure le patron de Bosch France, "donne une vraie perspective pour le site et une stabilité nécessaire pour les années à venir. (...) On n'est plus dans une logique de fermeture du site".

"Une trahison" pour les syndicats

Les syndicats parlent, eux, de trahison. En 2018, trois d'entre eux avaient signé un accord de transition prévoyant des efforts des salariés sur leurs jours RTT et leurs primes d'intéressement en contrepartie de plusieurs millions d'euros d'investissements sur le site. Pour Jean-Pierre Cabrol, délégué SUD de l'usine, les promesses n'ont pas été tenues. "C'est une trahison parce qu'avec tous les engagements que les salariés avaient pris pour faire des efforts et donner un avenir à ce site, on s'était donné du temps et on voit que la direction nous abandonne. On est vraiment écœurés."

Même son de cloche pour Cédric Belledent, également délégué SUD, qui dénonce "un véritable coup de massue, un couteau dans le dos". "On fera tout pour éviter ce drame. Autant de suppressions d'emplois, on ne s'y attendait pas et c'est difficile à avaler." Pour les syndicats, c'est tout un pan du savoir faire de cette usine qui est voué à disparaître. La présidente PS de la région d'Occitanie, Carole Delga, "la décision du groupe allemand, présent depuis près de 60 ans à Rodez, est un véritable coup dur". Elle estime que "les actions engagées par Bosch pour relancer et maintenir l’activité n’ont pas été à la hauteur".