Rayons non essentiels : Intermarché déplore un manque à gagner de 25 millions par semaine

L'enseigne Intermarché possède 1.800 magasins en France.
L'enseigne Intermarché possède 1.800 magasins en France. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Romain David , modifié à
Invité mardi d'Europe Soir, Thierry Cotillard, président des magasins Intermarché et Netto, est revenu sur les conséquences financières de la fermeture des rayons non essentiels pendant le confinement. Selon lui, chaque magasin de l'enseigne perd environ 5% de son chiffre d'affaires par semaine.
INTERVIEW

"Une gestion kafkaïenne". C’est par ces mots que Thierry Cotillard, président d’Intermarché et Netto, a qualifié mardi, au micro d’Europe Soir, les allers-retours du gouvernement sur la fermeture des rayons non-essentiels dans les supermarchés. Cette mesure polémique a été mise en place afin d’éviter une concurrence déloyale contre les petits commerces, contraints de garder leurs portes closes en raison des mesures de restriction sanitaire. "La fermeture des rayons non essentiels, pour les plus gros formats cela représente 10 à 15% du chiffre d’affaires, et environ 5% pour chaque Intermarché. Par semaine, c’est 25 millions de chiffre d’affaires qui ne se réalisent pas dans nos magasins", relève Thierry Cotillard.

"On a compris qu’il y avait une question d’équité, mais ce que l’on n’a pas compris, c’est le manque d’anticipation", explique ce responsable. "Concernant les listes (des produits que les supermarchés ne peuvent plus mettre en vente sur place, ndlr), il y a eu 50 allers-retours. Un jour vous pouviez vendre de la vaisselle jetable, le lendemain non. Cela nous a posé des problèmes opérationnels, pour les clients c’était incompréhensible", s’agace-t-il. À ses yeux, le gouvernement "a manqué de bon sens" dans la mise en place de cette décision.

Un coup de gueule contre Amazon

Le groupe Intermarché s'est également mobilisé pour donner un coup de pouce aux petits commerçants face aux géants de la vente en ligne. L’enseigne aux mousquetaires a mis en place un "drive solidaire" pour favoriser le click&collect. Les commerces locaux peuvent désormais mettre en vente leurs marchandises sur les sites des différents supermarchés du groupe. L’achat se fait sur les plateformes Intermarché, mais la collecte a lieu dans la boutique concernée.

"On a testé ce dispositif la semaine dernière avec les libraires, qui avaient manifesté leur détresse face aux fermetures", explique Thierry Cotillard. "On veut être une alternative au géant Amazon, c’est une démarche dans nos 1.800 magasins, partout en France." Démarche qui s’est accompagnée d’une campagne de pub raillant le géant américain de la vente en ligne. "On est remonté. Nos adhérents sont vraiment remontés. Il y a un sujet d'équité fiscale", s’agace Thierry Cotillard alors qu’Amazon paye très peu d’impôts en France par rapport au chiffre d’affaires réalisé sur le territoire. "Il est urgent de prendre une décision. C’est aux responsables européens de la prendre. Seule, la France ne peut pas agir", conclut-il.