Pourquoi le prix des carburants augmente-t-il ?

Le prix des carburants augmente sans discontinuer depuis le début de l'année 2019
Le prix des carburants augmente sans discontinuer depuis le début de l'année 2019 © BORIS HORVAT / AFP
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Idèr Nabili , modifié à
A l'origine de la colère des "gilets jaunes", le prix des carburants continue de grimper depuis le début de l'année 2019.

Jeudi, Emmanuel Macron doit présenter ses annonces de sortie du "grand Débat", mais les prix des carburants ne vont pas aider le président de la République à apaiser la colère des "gilets jaunes". Depuis le début de l'année, les prix à la pompe continuent de grimper, et flirtent désormais avec leur niveau de l'automne dernier, d'où sont parties les premières colères et la naissance du mouvement des "gilets jaunes". Mais pourquoi le prix des carburants augmente-t-il ?

L'envol des cours pétroliers

Cette hausse des carburants s'explique avant tout par l'envol des cours pétroliers, qui représentent 30 à 35% du prix à la pompe. Depuis le début de l'année, le prix du baril de pétrole a explosé. En janvier, il se négociait autour de 46 dollars le baril, tandis qu'il est désormais à près de 66 dollars. Une hausse de plus de 40%, qui se répercute forcément sur les prix à la pompe. Conséquence : depuis janvier, le litre de gazole a augmenté de 8 centimes, et le sans-plomb 95 de 14 centimes. 

Pourtant, le gouvernement a annulé la hausse des taxes

Principales causes de la hausse des prix du carburant à l'automne dernier, les taxes, qui devaient une nouvelle fois augmenter en 2019, sont restées stables. La "taxe carbone" 2019, qui prévoyait une augmentation de plus de six centimes pour le litre de gazole, et de près de trois centimes pour le litre d'essence, ont été annulées par l’exécutif fin 2018. Les taxes représentent la majorité du prix à la pompe, puisque 60% du montant payé lors du plein d'essence revient à l'État. Mais cette fois, elles ne sont pas responsables de la hausse actuelle des prix du carburant.

Que peut faire l'État ?

Sur le cours du pétrole, l'État semble démuni. Le prix du pétrole brut est défini par la loi de l'offre et de la demande, et de la valeur du dollar. En décembre, les quatorze pays de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) ont décidé de réduire leur production de pétrole, en accord avec dix pays producteurs. De son côté, Donald Trump veut "porter à zéro les exportations" de pétrole brut iranien, provoquant également une baisse de l'offre. Si l'offre de pétrole baisse, tandis que la demande reste stable, automatiquement, les prix flambent.

La marge de manœuvre de l'État se situe donc au niveau des taxes. Selon Philippe Chalmin, professeur d'économie à Paris-Dauphine, interrogé sur Europe 1, le gouvernement français ne peut "pas grand chose" pour faire baisser les prix à la pompe. "La seule chose qu'il pourrait faire, c'est revenir à l'histoire de la TIPP flottante, c'est-à-dire réduire une partie de la part variable des taxes qui sont prélevées sur un litre d'essence", ajoute-t-il sur notre antenne. Mais les taxes, qui n'ont pas augmenté par rapport à 2018, n'ont pas baissé non plus. Et puisque le cours du pétrole augmente, et que les taxes restent stables, alors on observe une hausse des prix à la pompe.