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Margaux Fodéré / Crédit photo : PHILIPPE HUGUEN / AFP
La Commission européenne pourrait acter ce vendredi la prolongation de l’autorisation du glyphosate, produit phytosanitaire très controversé et potentiel cancérigène. Votée pour la dernière fois en 2017, l’autorisation de cet herbicide devait courir jusqu’à fin 2022.

C’est un vote très attendu. En juillet, une étude de l’autorité européenne de sécurité alimentaire n’identifiait pas de "domaine de préoccupation critique" concernant le glyphosate, pourtant classé en 2015 comme "cancérogène probable" pour les humains par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le produit pourrait donc être autorisé jusqu'au 15 décembre 2033, si la proposition obtenait une majorité qualifiée des États membres. S’il est possible que le glyphosate soit encore autorisé pour dix ans, c’est parce qu’il n’existe pas tellement d’alternatives aussi abordables.

Donner du temps à la recherche

Certains agriculteurs désherbent avec des machines, d’autres placent des bâches pour éviter la pousse de mauvaises herbes. Mais aujourd’hui ces méthodes coûtent plus cher, explique Xavier Reboud, directeur de recherche à l’Inrae à Dijon "Nous avons trouvé que les surcoûts à se passer du glyphosate pour les agriculteurs qui en utilisaient en grande culture s’échelonnent entre 10 et 80 euros par parcelle et par an. En viticulture et en arboriculture, les coûts sont plus élevés et peuvent monter entre 100 et 300 euros par hectare et par an", détaille le spécialiste.

Il y a aussi une question de rendement, alors il faut temporiser. Le sursis de dix ans proposé par la Commission européenne donnerait du temps à la recherche pour trouver d’autres méthodes qui ne réduiraient pas le rendement des cultures.

"Le pays en Europe qui utilise le plus de produits phytosanitaires ce sont les Pays-Bas à raison de plus de dix kilos par an et par hectare. Et comme par hasard, l’agriculture néerlandaise est considérée comme la plus productive en Europe. Quand on veut des rendements élevés, on va vers les solutions les plus chimiques", constate Xavier Hollandts, professeur de stratégies agricoles à Kedge Business School. En France, un crédit d’impôt permet déjà de soutenir financièrement les agriculteurs qui veulent se passer du glyphosate.