"Même avec la privatisation, notre engagement de qualité demeure", assure le PDG d’ADP

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Le Groupe ADP assure que le prix des billets n'augmentera avec la privatisation. © ERIC PIERMONT / AFP
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avec Emmanuel Duteil
Augustin de Romanet, président d’Aéroports de Paris, assure aux passagers que la future privatisation ne se traduira pas par une baisse de la qualité de service et par une hausse du prix des billets d’avion.
INTERVIEW

Bouleversement en vue pour les aéroports de Paris : la privatisation du groupe ADP, actée dans la loi Pacte qui arrive actuellement à l’Assemblée, doit se concrétiser début 2019. Pour l’instant, l’État français détient toujours 51% d’ADP, qui gère les plateformes de Charles-de-Gaulle et Orly. "Ce qui me paraissait prioritaire pour le groupe ADP, c’est qu’après que l’État ait vendu ses actions, la capacité de l’entreprise d’assurer ces mêmes missions avec le même niveau d’engagement de qualité demeure. C’est le cas", assure Augustin de Romanet, le PDG du groupe, invité de l’interview éco d’Emmanuel Duteil, vendredi sur Europe 1.

Écoutez l'interview intégrale d'Aaugustin de Romanet à 22h20 dans le journal de la nuit d'Isabelle Millet. Le replay de l'émission est à retrouver ici.

Pas de répercussion pour les passagers. Selon lui, les passagers ne verront même pas la différence lorsque la privatisation sera définitivement réalisée. "Toute la tâche qui a été la nôtre a été de dire au gouvernement que les conditions dans lesquelles il pourrait prévoir la privatisation d’ADP ne devaient aucunement handicaper notre mission principale, à savoir assurer le meilleur service possible aux passagers", explique Augustin de Romanet.

Au-delà de la qualité des services (sécurité, commerces, fluidité du trafic…), la privatisation a pu susciter des inquiétudes à propos du coût des billets. "Le mode de régulation des aéroports garantit que l’intégralité des gains de productivité qui sont faits sur les terminaux, les pistes, etc. est restituée aux passagers", précise Augustin de Romanet. "Notre objectif est d’avoir le maximum de compagnies aériennes possible, d’accueillir des compagnies étrangères et donc d’avoir les tarifs les plus bas possibles".

Concrètement, un aéroport a deux façons de faire des bénéfices : la redevance imposée aux compagnies aériennes, dont le montant est fixé par le gouvernement, et les services annexes offerts dans les terminaux (boutiques, restaurants…). "Notre système de régulation ne changera pas avec la privatisation : ce sera toujours le ministère des Transports qui fixera nos tarifs", souligne Augustin de Romanet. Par conséquent, la redevance, répercutée sur les tarifs des billets, ne pourra pas être augmentée par les futurs propriétaires privés selon leur bon vouloir. "Les passagers n’ont donc aucune crainte à avoir", martèle le PDG d’ADP.

Un propriétaire étranger ne serait "pas un drame". Une fois la privatisation opérationnelle, le capital d’ADP sera par ailleurs ouvert aux quatre vents. Certains entreprises pourraient être tentées de devenir propriétaire, à commencer par Vinci. Déjà actionnaire du groupe, le géant du bâtiment dans le monde ne cache pas son intérêt. "C’est une idée légitime. Vinci est déjà un acteur du monde aéroportuaire, il n’y a aucune raison de vouloir l’ostraciser", commente Augustin de Romanet.

Entendu sur europe1 :
Il faut régler la fluidité d'accès aux aéroports

Par le jeu des actions, il se pourrait toutefois, qu’un jour, les aéroports parisiens devenus privés passent entre les mains d’entreprises étrangères. Une option qui ne doit pas inquiéter les Français, estime le patron d’ADP. "L’intégralité des missions souveraines de l’État au sein des aéroports, qu’il s’agisse de la police aux frontières, de la douane, de la gendarmerie, du contrôle aérien, restera dans son giron", indique-t-il. "Quelle que soit la nationalité du propriétaire, même s’il devait être australien ou canadien demain matin, je ne vois pas de drame majeur."

Améliorations en vue. Débarrassé du dossier de la privatisation, Augustin de Romanet peut désormais concentrer les têtes pensantes d’ADP sur l’amélioration des services proposés par Charles-de-Gaulle et Roissy, qui figurent souvent loin des meilleurs aéroports du monde dans les classements dédiés. "L’amélioration est constante. Il suffit qu’on me signale un hall où il n’y a pas de prise électrique pour que je demande à ce qu’on en installe dans les cinq minutes qui suivent. Il demeure qu’il y a encore des progrès à faire. Tout n’est pas parfait, un point me préoccupe : les temps d’attente pour accéder aux terminaux en voiture. Il faut régler la fluidité du parcours", reconnaît Augustin de Romanet.

En attendant de trouver la solution, ADP planche sur la réduction des temps d’attente au sein de l’aéroport, particulièrement au contrôle aux frontières. "À l’été 2017, nous pouvions avoir des temps d’attente de trois heures. Mais cet été, nous avons eu au maximum six à sept dépassements hebdomadaires des temps d’attente fixés par le Premier ministre (30 minutes pour les vols européens et 45 minutes pour les autres, ndlr)", souligne Augustin de Romanet. Il met en avant "l’automatisation du contrôle des passeports" et le "système de reconnaissance faciale expérimenté depuis le 15 juin". "Il a donné entière satisfaction et fin 2018, il y en aura trois fois plus", annonce-t-il.

"Air France est une marque extraordinaire"

Alors qu’Air France a traversé une longue grève au printemps, qui pourrait ressurgir à l’automne, Augustin de Romanet fait confiance au Canadien Benjamin Smith, nouveau patron de la compagnie. "Je fais le pronostic que les personnels d’Air France, qui sont fiers de leur métier, vont être fiers d’avoir un dirigeant qui connaît très bien le métier." Pour lui, l’avenir ne peut être que radieux : "Bien sûr qu’Air France est redressable, c’est une marque extraordinaire. Je discutais récemment avec le directeur d’un des plus grands aéroports américains. Pour lui, en termes de qualité de service, Air France est incomparable".