La crise sanitaire aura ses gagnants et ses perdants dans le secteur de l'agriculture (photo d'illustration). 1:33
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Charles Guyard, édité par Antoine Cuny-Le Callet , modifié à
La pandémie de Covid-19 n’a pas touché de la même façon tout le secteur de l’agriculture. Ainsi, les producteurs de fruits et légumes ont pu se prémunir contre les effets de la crise quand la filière de la viande est plus que jamais en souffrance.
REPORTAGE

Au marché d’intérêt national de Nantes, le concert de klaxons est le signe que les affaires marchent bien. Depuis des mois, Alain, producteur de fruits et légumes de la région nantaise, et son fils Laurent se frottent les mains car ils ne connaissent pas la crise : "On a peut-être même un peu mieux vendu", s’enthousiasment-ils, décrivant des clients embarquant 10 à 12 colis de radis alors qu’ils n’en prenaient que trois auparavant. "C’était un peu la folie, on a fait une très bonne année." 

Dans le domaine de l’agriculture, la crise sanitaire aura ses gagnants et ses perdants. Les producteurs de fruits et légumes notamment ont pu profiter des nouvelles habitudes de consommation des Français. En revanche, les éleveurs ont vu leurs coûts augmenter, ravivant certaines tensions sur le partage de la valeur ajoutée.

De nouveaux débouchés pour les maraichers

La fermeture des restaurant et traiteurs n’a pas porté de coup aux producteurs de fruits et légumes, qui ont su trouver d’autres débouchés : épiceries de quartiers, maraichers, circuits courts, etc. L’euphorie est unanime : "Ce que l’on a pu perdre d’un bout, on l’a récupéré de l’autre. Tout le monde a besoin d’un cageot de salades", affirment Jacques et François. Ils supposent que les consommateurs ont plus de temps pour cuisiner et ont donc remis les produits locaux en tête des listes de course.

Des "négociations tendues" chez les éleveurs

L’heure n’est en revanche pas à l’optimisme pour la filière de l’élevage. Celle-ci a été exposée à une flambée des prix des matières premières nécessaire à l’alimentation du bétail. Ce contexte a favorisé la résurgence de tensions sur le sujet du partage de la valeur ajoutée. "Les négociations sont tendues sur des filières comme la volaille, les œufs, la viande porcine ou encore le lait", affirme au micro d’Europe 1 Thierry Pouch, responsable des études économiques des chambres d’agriculture françaises. Il plaide pour une meilleure application de la loi Egalim de 2018, censée rééquilibrer les relations commerciales entre agriculteurs, transformateurs et grande distribution.

"Dans les filières il faut tendre vers une logique plus partenariale et faire en sorte que chacun prenne ses responsabilités pour qu’aucun acteur ne reste sur le bord de la route", conclut-il.