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Olivier Samain, édité par Rémi Duchemin , modifié à
Depuis le 1er janvier, la loi anti-gaspillage impose aux industriels, afin de lutter contre l’obsolescence programmée, d’indiquer sur certains produits l’indice de réparabilité, à destination des consommateurs. Des contraintes supplémentaires pour les constructeurs, mais un vrai plus pour les clients.
ENQUÊTE

Halte à l'obsolescence programmée ! On va pouvoir plus facilement réparer nos téléphones, frigos et autres tondeuses. C'est l'une des grandes nouveautés anti-gaspillage de cette année : l'indice de réparabilité, obligatoire depuis le 1er janvier dernier pour certains produits électroniques ou électroménagers. On connait tous les étiquettes "énergie", avec leurs lettres A, B, C, D, E, pour savoir quel lave-linge ou quel frigo est le moins gourmand en électricité. Il va falloir très vite s’habituer à ce nouvel indice de réparabilité qui a fait son apparition dans les magasins d’électro-ménager et d’informatique. C’est la loi "anti-gaspillage" promulguée il y a un an qui l’a rendu obligatoire.

L’indice de réparabilité est identifiable avec un code couleur, du rouge au vert foncé, et une note allant de 1 à 10. Grâce à cela, le consommateur va savoir si le lave-linge qu’il s'apprête à acheter sera facilement réparable le jour où il tombera en panne.

Des machines plus facilement démontables, et des pièces disponibles plus longtemps

Et réparable, ça commence par "démontable", ce qui n’est pas toujours simple. "Par exemple, sur ce lave-linge, on a un problème de roulement", explique à Europe 1 Guy Pézaku, le patron de Murfy, une entreprise qui s’est lancée dans cette activité il y a deux ans. "Pour accéder au roulement, aujourd’hui, il faudrait démonter l’ensemble du lave-linge, accéder à la cuve. On va ensuite ouvrir en deux pour pouvoir retirer le tambour métallique. Tout ça nécessite du temps. C’est assez risqué quand on fait l’intervention à domicile car on risque d’endommager les sols. Et une fois qu’on a remonté l’appareil, il faut croiser les doigts pour faire en sorte que ça ne fuie pas. On espère qu’avec la loi, ce genre de réparations seront facilitées, à terme."

Facilement démontable, c’est important, mais ça ne suffit pas. Il faut aussi une documentation compréhensible qui vous permet d’identifier le lieu de la panne. Et bien sûr, que les pièces soient disponibles, qui plus est à un prix abordable. Si la pièce de rechange coûte presque aussi cher qu’un lave-linge neuf, ça ne vaut pas le coup. 

Une petite révolution pour les fabricants 

Afficher une note de réparabilité, en soi, n’a pas l’air compliqué. Sauf que cela suppose une remise en question complète en amont, chez le fabricant. Les industriels n’ont d’ailleurs pas attendu l’entrée en vigueur de l’indice, le 1er janvier, pour lancer cette révolution en interne. "En 2020, on a allongé la durée de disponibilité de nos pièces de 10-12 ans pour certains produits, à 14 ans a minima, voire à 20 ans pour nos produits fabriqués en France", assure Simon Barbeau, le PDG de Brandt.

Cela fait déjà plusieurs mois que le groupe français s’est mis en ordre de marche. "Ça représente un coût, car il faut stocker plus longtemps les pièces, mais on accepte ce coût parce que pour nous, c’est vraiment important", poursuit Simon Barbeau. "L’autre exemple d’impact de l’indice de réparabilité sur notre manière de travailler, c’est sur la conception des produits. Là aussi, on prend soin d’intégrer beaucoup de vis, et de minimiser le recours aux soudures et aux clips qui sont difficiles à démonter. On va continuer à le faire dans le futur. On travaille aujourd’hui, par exemple, sur tous les produits connectés qu’on peut réparer facilement avec des nouveaux logiciels qu’on peut implémenter pour pouvoir améliorer leur durée de vie et leur réparabilité."

Les clients adhèrent

La question, désormais, est de savoir si, avec cet indice, les consommateurs vont acquérir de nouveaux réflexes et préférer des appareils peut-être plus chers mais plus facilement réparables. Selon les premières tendances, la réponse est oui. C’est en tout cas ce qu’affirme Fnac-Darty, qui s’appuie sur le retour de ses clients. Le groupe s’est lancé dans la démarche il y a deux ans en publiant au sein de son "Labo Fnac " un indice sur les ordinateurs portables et les smartphones très proche de celui qui vient d’entrer en vigueur.

Ce que disent les clients, c’est que la réparabilité devient un critère de premier plan au moment de l’achat. Et même si cela remet en cause une partie du modèle économique des distributeurs (dont l’intérêt, on le devine, est de vendre le plus souvent possible des produits neufs), Fnac-Darty assume ce virage et annonce le recrutement de 500 techniciens supplémentaires d’ici deux ans. Le groupe en compte déjà 2.000 et s’affiche comme le premier réparateur de France.

Pour rappel, l’indice de réparabilité est désormais obligatoire pour les lave-linge donc, mais aussi pour quatre autres familles de produits : les téléviseurs, les PC portables, les smartphones et…  les tondeuses à gazon !