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Lionel Gougelot, édité par Romain David , modifié à
Même si Bercy assure que la faillite du repreneur British Steel ne devrait pas menacer l'aciérie de Saint Saulve dans le Nord, les salariés, déjà échaudés par deux reprises avortées, craignent des répercussions directes sur leur situation.
REPORTAGE

Les salariés de Saint Saulve ne croient plus en l'avenir de leur aciérie. Alors que le repreneur British Steel a officiellement déposé le bilan mercredi, Bruno Le Maire a tenté de rassurer les salariés en affirmant que les financements n'étaient pas remis en cause. La procédure de liquidation en Grande-Bretagne n'inclut pas le site de Saint Saulve, dans la mesure où il s'agit de deux entités juridiques différentes. Mais sur place, les 270 salariés sont sonnés. Ils sont convaincus que les difficultés financières de leur repreneur auront des répercussions sur l'activité de leur usine.

À la pointe du combat syndical depuis des années, Nicolas, délégué CGT chez Ascoval, est sur le point de rendre les armes. La faillite de British Steel condamne, selon lui, à plus ou moins long terme, l’aciérie. "J’ai baissé les bras. C’est terminé. Si un gros comme British Steel nous reprend et tombe financièrement, c’est qu’il a lui aussi des difficultés. En tant que délégué, je n’y crois plus", confie-t-il à Europe 1.

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"Il faut prendre la bonne décision, plutôt que de jouer avec les nerfs des salariés"

Malgré les discours rassurant de Bercy, la confiance est rompue. Les salariés craignent une nouvelle désillusion après la défection de deux précédents repreneurs. À tel point que certains ne demandent maintenant plus qu'une chose : mettre fin à cette situation et fermer le site. "J'ai l’impression que l’on nous prend vraiment pour des cons, pour des moutons", s’agace Anthony, qui affiche dix ans d’ancienneté à la forge. "Ce que l’on veut, c’est la fermeture, qu’ils nous donnent une belle prime, avec une cellule de reclassement pour que l’on puisse retrouver du travail", explique-t-il. "Il faut prendre la bonne décision, plutôt que de jouer avec les nerfs des salariés. Ils n'en peuvent plus."

Bruno Kopczynski, porte-parole de l’inter-syndical, concède lui-même qu’il est difficile de lutter contre cette résignation. "Je ne me vois pas dire à mes collègues : ‘Non, restez jusqu’au bout, vous verrez, ça va marcher". Les dirigeants de la maison mère de British Steel se disent prêts à rencontrer les salariés d’Ascoval. Ils devront toutefois se montrer particulièrement convainquant pour rassurer des troupes complètement démobilisées.