Les salariés d'Arjowiggins fixés vendredi : "Il ne faut pas être grand clerc pour imaginer que l'on va vers la liquidation judiciaire"

Arjowiggins, Bessé-sur-Barye, JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP 1280 1:02
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Anne-Laure Jumet, édité par Grégoire Duhourcau
Le tribunal rend sa décision concernant l'avenir d'Arjowiggins vendredi. La liquidation judiciaire semble être le scénario le plus probable. Pour le maire de Bessé-sur-Braye, "c'est une catastrophe économique".

C'est vendredi que les salariés d'Arjowiggins vont connaitre leur sort. Le tribunal de commerce de Nanterre rend sa décision après examen des dernières offres de reprise. Il avait accordé un délai de quelques jours, pour laisser le temps à une offre de dernière minute d'être finalisée.

Mais pour le principal site du groupe de papeterie, celui de Bessé-sur-Braye dans la Sarthe, c'est la liquidation qui parait malgré tout le scénario le plus probable. Cette offre de la dernière chance, portée par le directeur du site et montée avec les équipes de Bercy, n'a pas, selon les informations d'Europe 1, recueilli les financements suffisants.

"C'est une catastrophe économique." "A part un miracle, il ne faut pas être grand clerc pour imaginer que l'on va vers la liquidation judiciaire. On a le soutien des pouvoirs publics mais le problème c'est cette loi européenne qui dit que pour un euro public, il faut un euro privé. Les euros publics on les a, mais on n'a pas les euros privés en même temps", explique Jacques Laroche, le maire de Bessé-sur-Braye, au micro d'Europe 1.

 

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"Autant vous dire que c'est une catastrophe économique pour la commune et le bassin de villes tout entier. Il y a 572 salariés, multiplié par deux voire trois puisque là-dessus, il y a les sous-traitants et tous le commerce et les artisans qui fonctionnaient grâce à Arjowiggins. Ça touche tout un bassin de villes, on peut dire au moins une dizaine de communes", déplore-t-il.

"L'État n'a rien fait." Pour maître Thomas Hollande, l'avocat des salariés, l'État, via la Banque publique d'investissement, est responsable de ce fiasco : "Les chances sont minces dans la mesure où l'État a encore aujourd'hui, maintenu sa position de refuser un financement d'un projet qui est pourtant viable et qui permettrait de garantir la pérennité de plus de 400 emplois. L'État n'a rien fait, ceux qui se sont démenés, ce sont les salariés, les représentants du personnel, les directeurs des sites et les collectivités locales, les élus locaux."

"Il faut bien comprendre que c'est la Banque publique d'investissement qui est l'actionnaire principal du groupe Sequana, qui est la maison mère des sociétés Arjowiggins qui sont concernées par la procédure de redressement judiciaire. Ce sont donc les dirigeants de Sequana qui ont décidé, avec la Banque publique d'investissement, d'abandonner Arjowiggins. Avec les emplois indirects, ça fait près de 1.500 emplois qui vont être détruits si jamais on ne permet pas au projet alternatif d'aboutir", ajoute-t-il.

Une reprise toujours possible. Thomas Hollande estime par ailleurs que l'Etat aurait pu contourner la règle du un euro de fonds privés pour un euro de fonds publics, afin d'accepter d'autres financements publics, venant notamment de la région. Une reprise reste tout de même encore possible, même après une liquidation judiciaire, mais les conditions sont toutefois moins favorables pour les salariés.

En-dehors de Bessé-sur-Braye, les deux autres sites concernés sont dans une situation plus favorable : deux offres ont été déposées pour l'usine de Greenfield à Château-Thierry (75 salariés) et pour celle du Bourray, près du Mans (270 emplois).