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avec AFP / Crédit photo : Fabrice COFFRINI / AFP
La dégradation du déficit en 2023, qui a atteint 5,5% du PIB au lieu des 4,9% initialement prévus par le gouvernement, "ne signifie bien sûr pas la faillite de la France", a voulu rassurer François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France qui appelle toutefois l'exécutif à s'occuper "enfin sérieusement" des dépenses publiques.

Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a estimé jeudi que le dérapage du déficit en 2023 imposait de s'occuper "enfin sérieusement des dépenses" publiques, après "quinze ans" sans que les gouvernements tiennent (...) leurs engagements". "Voilà quinze ans que notre pays et ses gouvernements successifs ne tiennent pas leurs engagements pluriannuels de redressement" des comptes publics, a regretté le gouverneur lors d'un discours à l'université Paris Dauphine, dont l'AFP a consulté une copie.

La dégradation du déficit en 2023, qui a atteint 5,5% du PIB au lieu des 4,9% initialement prévus par le gouvernement, "ne signifie bien sûr pas la faillite de la France", a-t-il cherché à rassurer, mais elle appelle à un "impératif". Il faut s'occuper "enfin sérieusement des dépenses" publiques, a martelé François Villeroy de Galhau. Et ce, "avant de prendre des décisions éventuellement nécessaires sur les impôts", a-t-il estimé, en référence aux récentes propositions visant à taxer les "superprofits" des entreprises ou à procéder à des hausses d'impôts ciblées.

Le gouvernement maintient son objectif

Malgré le dérapage de 2023, le gouvernement a maintenu son objectif de ramener le déficit public en dessous de 3% du PIB en 2027, comme promis à ses partenaires européens. Pour y parvenir, il compte réaliser un nouveau tour de vis budgétaire. Dix milliards d'euros d'économies ont déjà été actés pour 2024, et 20 milliards de coupes sont annoncées pour 2025. Mais des "économies supplémentaires" seront nécessaires, selon le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire.

 

"Je crois profondément au modèle social européen mais il nous coûte en France environ dix points de PIB de plus que nos voisins européens: 58 contre 48 en pourcentage du PIB", a fait valoir François Villeroy de Galhau, soulignant que les dépenses publiques en volume "pourraient encore augmenter de plus de 2% en 2024", selon des projections de la Cour des comptes.

Une nouvelle réunion le 9 avril

"Il est plus que temps, non pas de décréter l'austérité et la baisse générale des dépenses, mais d'arriver à cette stabilisation générale en volume", a détaillé François Villeroy de Galhau. "Cela suppose un effort de priorisation et d'efficacité, juste et partagé par tous : État, mais aussi collectivités locales et prestations sociales". Les parlementaires de la majorité et de l'opposition étaient invités jeudi au ministère de l'Économie et des Finances pour proposer des pistes d'économies.

Une seconde réunion à Bercy est annoncée pour le 9 avril, afin cette fois de chercher avec les associations d'élus locaux des pistes d'économies au sein des collectivités territoriales.

https://www.europe1.fr/economie/la-banque-de-france-abaisse-a-08-sa-prevision-de-croissance-en-2024-4235518