La RATP reste dans le rouge avec une perte de 129 millions d'euros au premier semestre

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La RATP a enregistré un déficit de 129 millions d'euros au premier semestre. © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
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avec AFP / Crédit photo : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP , modifié à
Selon des résultats publiés ce vendredi, la RATP a enregistré un déficit de 129 millions d'euros au premier semestre. Cela s'explique notamment par la hausse des prix de l'énergie et de diverses charges comme les salaires. De plus, les émeutes ainsi que la réforme des retraites ont également pénalisé les comptes du groupe.

La RATP peine à sortir la tête de l'eau. Avec une perte de 129 millions d'euros au premier semestre, selon les résultats publiés vendredi, le groupe a souffert de l'inflation de ses charges et voit se profiler une nouvelle année dans le rouge après 2022. Les pertes de la Régie de janvier à juin atteignent presque celles enregistrées sur toute l'année 2020 (134 millions d'euros), pourtant encore marquée par la pandémie de Covid-19. Certes, le retour des voyageurs s'est confirmé avec une fréquentation en hausse de 6% au premier semestre par rapport au même semestre de 2022. C'est surtout vrai pour le mode ferré (métro, RER, tramway), avec entre 9 et 10% de fréquentation supplémentaire, alors que le bus décline (-3%) en raison de problèmes d'exploitation.

En juin, la fréquentation n'était en retrait que de 6% par rapport à 2019 et l'avant-pandémie. Un recul de 15% sur tout le semestre. Mais côté financier, l'augmentation des prix de l'énergie, les hausses de salaires consenties par le groupe dirigé par Jean Castex pour répondre à la crise du pouvoir d'achat et les pénalités versées pour un service de bus insuffisant (27 millions d'euros), affectent sévèrement les comptes de l'entreprise, même si le chiffre d'affaire progresse légèrement à 3,2 milliards d'euros (+2,4%). Ces résultats semestriels "témoignent du défi économique majeur auquel nous sommes confrontés aujourd'hui, du fait de l'insuffisance des mécanismes contractuels de couverture des effets très significatifs de l'inflation sur nos charges d'exploitation", a souligné le PDG, cité dans un communiqué du groupe.

Explosion des charges

La RATP blâme en effet un contrat conclu en 2020 avec son donneur d'ordre Ile-de-France Mobilités (IDFM), autorité organisatrice des transports publics franciliens, avant la vague inflationniste. Ce contrat, qui porte sur la période 2021-2024, prévoit des clauses donnant droit à des compensations en cas de hausse des charges de l'opérateur. Concernant "la progression des coûts salariaux", ces compensations sont plafonnées à 1,5%, or la masse salariale de la RATP a augmenté de 5,2% au premier semestre 2023 sous l'impulsion de Jean Castex, dont l'une des missions était d'apaiser le climat social dans l'entreprise.

Idem pour les coûts de l'énergie. Si l'envolée des prix du carburant est bien répercutée dans le contrat signé avec IDFM, ce n'est pas le cas de l'électricité, principale ressource utilisée par la RATP. L'impact des ces hausses de charges atteint 203 millions d'euros au premier semestre, soit déjà plus que sur toute l'année 2022 (200 millions). Les compensations versées par IDFM ne couvrent que partiellement l'explosion de ces charges et l'impact net pour la RATP est de 127 millions d'euros. Les grèves contre la réforme des retraites, peu suivies au sein de la Régie, ont tout de même coûté environ 10 millions d'euros. Quant au coût des émeutes du début de l'été, la facture atteint 6 voire 7 millions d'euros, à cause de la destruction d'une vingtaine de bus et d'un tramway. La dette du groupe s'en trouve alourdie de 538 millions d'euros, à 6,1 milliards (+10%).

Bonne santé des filiales

Seul motif de satisfaction, la performance correcte des filiales RATP Dev et Cap Ile-de-France, dont le chiffre d'affaire s'est apprécié de 7,2% à 823 millions d'euros (plus du quart du total du groupe). RATP Dev, qui regroupe les opérations de transport hors du pré carré francilien, a démarré l'exploitation des réseaux de Laval et Toulon, mais aussi de Raleigh et Durham aux Etats-Unis ou encore la ligne de métro automatique de Sydney en Australie.

L'exploitation des bus à Londres est toutefois déficitaire et pénalise le résultat global du groupe. Malgré cela, la RATP a maintenu ses investissements sur les six premiers mois de l'année: 883 milliards d'euros ont été injectés sur le périmètre de l'établissement public à caractère industriel et commercial (Epic) qui exploite les activités traditionnelles de transport en Ile-de-France, dont 149 millions pour le prolongement de la ligne de métro 14 vers Orly.