Les heures supplémentaires payées aux forces de l'ordre pendant la crise des gilets jaunes ont coûté 46 millions d'euros à l'État.
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Anne-Laure Jumet, édité par
Un rapport parlementaire rendu mercredi analyse dans le détail les secteurs les plus touchés par le mouvement.

C'est le coût d'une révolte sociale de près de 8 mois. La mission d'enquête parlementaire sur le bilan économique des gilets jaunes a rendu son rapport mercredi matin. L'Insee évoquait déjà un coût équivalent à 0,1% du PIB, soit deux milliards d'euros. Avec ce nouveau rapport, on peut désormais avoir une idée des conséquences concrètes du mouvement sur différents secteurs de l'économie.

Des commerces de centre-ville à l'impact sur le tourisme, en passant par les heures supplémentaires des forces de l'ordre : la crise a touché de nombreux secteurs. Le mouvement des "gilets jaunes" a eu un impact global relativement "modéré" sur l'économie française mais a entraîné des coûts "considérables" voire "ineffaçables" pour certaines entreprises ou certains secteurs d'activité, conclut le rapport.

Deux milliards d'euros de pertes pour les centres commerciaux 

Localement, l'impact a été lourd et ce qui a été perdu n'est pas rattrapable, écrivent les parlementaires. Ce sont d'abord les centres commerciaux qui ont été touchés, à hauteur de deux milliards d'euros de pertes. La crise s'est ensuite déplacée vers les centres-villes. À Paris, Toulouse, Bordeaux ou encore Rouen, les commerces ont vu leurs chiffres d'affaires baisser de 20 à 30%. Le tourisme a aussi été impacté. Les hôtels, restaurants et cafés ont perdu 850 millions d'euros. Sont touchées également : les TPE-PME du secteur du BTP et des transports.

Tout cela a généré un impact sur l'emploi, avec des CDD non renouvelés ou des recrutements repoussés, par exemple. Et puis il y a eu du chômage partiel : l'Occitanie a concentré à elle seule près du tiers des demandes.

Un surcoût pour la puissance publique également 

Les collectivités, elles aussi, ont dû mettre la main à la poche pour réparer les dégâts (destruction des poubelles ou des horodateurs par exemple), sans parler des pertes enregistrés sur les réseaux de transports en commun. Une facture globale estimée à 30 millions d'euros par l'association France Urbaine.

Enfin, pour l'Etat, ce n'est pas neutre non plus : il a fallu payer des heures supplémentaires aux forces de l'ordre mobilisés chaque samedi, à hauteur de 46 millions d'euros au total. La remise en état des radars coûtera, elle, 71 millions d'euros.

Les parlementaires demandent de nouvelles aides 

Les auteurs de ce rapport parlementaire ne se contentent pas de faire un constat, ils font des propositions. Ils souhaitent d'abord que l'on prolonge les mesures exceptionnelles mises en place par le gouvernement pour les entreprises les plus touchées, qui consistaient notamment en un étalement de charges. Les parlementaires réclament aussi de nouveaux dispositifs d'aide, comme une exonération exceptionnelle de cotisations sociales ou un crédit d'impôt spécifique pour les entreprises qui n'ont pas fait de bénéfices pendant la crise.

Les parlementaires relayent aussi une inquiétude : sur le terrain, le monde économique reste prudent, personne ne considérant que le mouvement des gilets jaunes est complètement terminé.