De plus en plus d'agriculteurs louent leur parcelle à des sociétés parfois non agricoles. (Illustration). 1:28
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Margaux Fodéré, édité par Romain Rouillard , modifié à
De plus en plus d'agriculteurs louent leurs terres auprès d'investisseurs qui n'ont parfois aucun lien avec le milieu. Si certains craignent des destructions d'emplois et des dommages à l'environnement, d'autres préfèrent souligner les rémunérations supérieures octroyées aux salariés de ces entreprises.

Des terres agricoles françaises détenues par des entreprises de l'agroalimentaire. C'est la tendance révélée par un rapport du mouvement citoyen Terre de Liens. Alors qu'auparavant la majorité des terres agricoles françaises appartenait aux agriculteurs et à leur famille, ces derniers louent de plus en plus leurs terres, parfois donc auprès d'investisseurs non-agricoles. Ce que l'on appelle des "sociétés agricoles financiarisées" concerne près d'une ferme sur dix à ce jour.

À titre d'exemple, Fleury-Michon possède un élevage de porcelets tandis que Chanel acquiert des terres pour les fleurs de ses parfums. D'autres investisseurs, notamment chinois, font eux aussi main basse sur des parcelles. Si tous ces nouveaux acquéreurs ne contrôlent que 14% de la surface agricole française, ce chiffre est en nette hausse depuis plusieurs années, comme le souligne Tanguy Martin de l'association Terres de Liens, un réseau associatif qui accompagne les paysans dans leur accès à la terre. 

"Rien ne présage que ça ne continuera pas si rien n'est mis en place"

"Ces acteurs ont doublé la surface qu'ils possèdent en 30 ans. Aujourd'hui, rien ne présage que ça ne continuera pas si rien n'est mis en place", estime-t-il. Mieux contrôler l'accès à la terre par ces sociétés ou bien limiter les pratiques intensives - qui, selon l'association, peuvent entraîner des des destructions d'emplois agricoles et des dommages à l'environnement, peuvent faire partie des solutions à envisager. 

Néanmoins, à en croire Xavier Hollandts, expert des entreprises agricoles à l'école Kedge Business School, le tableau n'est pas si noir. "Pour les salariés de ces entreprises agricoles, on a de meilleures conditions de travail qui leur permettent d'optimiser leur temps de travail et leur rémunération". Des salaires plus élevés alors qu'un quart des agriculteurs gagnent aujourd'hui l'équivalent du RSA.