Brexit RU UK UE Europe Royaume-Uni 1:18
  • Copié
Marion Gauthier et Nina Guérineau, à Londres, avec , modifié à
Après dix mois de négociations, un accord commercial post-Brexit a été trouvé de justesse. Du côté britannique, les avis sont partagés sur cet accord, entre le soulagement de mettre fin à un désordre politique et la peur d'avoir conclu un mauvais "deal" dans les futures relations avec l'Union européenne.
REPORTAGE

Il était attendu depuis quatre ans et demi : l'accord pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne a été approuvé par les deux parties, jeudi après-midi. Si Boris Johnson reconnait ouvertement avoir lâché du lest sur le partage des eaux de pêche, son pays aura en revanche un accès gratuit au marché unique européen, ce qui réjouit le Premier ministre britannique. Pour beaucoup de Britanniques, cet accord est un soulagement, même à Londres, qui a pourtant voté largement contre le Brexit en juin 2016.

"Si j'étais européen, j’en aurait probablement marre de nous, pour être honnête." Sourire en coin, Harry est une grande perche aux cheveux roux, opposé au Brexit mais résigné : tout vaut mieux que le désordre politique de ces quatre dernières années. "J’ai moins peur, maintenant que nous avons cet accord. Mais c’est toujours une période très incertaine. Avec le coronavirus, c'est le pire moment pour avoir une sorte de crash économique comme le Brexit, donc ce n’est pas très bon. Je n’oublierai pas ce Noël !"

"Le Brexit, toujours une mauvaise chose"

Cet accord représente donc un cadeau de dernière minute pour des fêtes confinées. "Les Brexiters sont contents, ils ont eu leur Brexit", regrette le journaliste franco-britannique Alex Taylor, farouche opposant au Brexit et invité de Culture Médias, vendredi matin. Pour lui, la presse britannique n'est quoi qu'il arrive "pas objective" sur le Brexit, car "80%" a soutenu le camp du "leave" pour le référendum de juin 2016.

"Nous avons repris le contrôle", titre The Telegraph, citant le Premier ministre. Dans une vidéo reprise par les télévisions britanniques, il souhaite un joyeux Noël à tous. "L'accord commercial post-Brexit est le festin promis aux Britanniques", soutient Boris Johnson. Déjà, "BoJo" s'engage à opposer le Royaume-Uni à l'Union européenne dans la course aux succès économiques, rapporte The Guardian

" En janvier, ça va être terrible "

Pour Phil et Taron, persuadés qu’on n’a pas mesuré les conséquences de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, ce Noël aura une saveur amère. "Je ne sais pas sûr que ce soit le meilleur accord pour l’Europe ou pour nous. En janvier, ça va être terrible", explique Phil, qui ne prévoit pas de lancer ce sujet au déjeuner : "Le Brexit, c'est toujours une mauvaise chose."

"Johnson a cédé sur le poisson"

Si le sujet sera bel et bien absent de bon nombre d'agapes, les médias s'interrogent malgré tout sur le contenu de cet accord : "Boris Johnson nous a-t-il vendu à l'Union européenne ou a-t-il ramené à la maison un excellent accord sur le Brexit ?", se demande d'ailleurs The Sun, tabloïd pro-Brexit. 

Derrière les sourires et les messages de victoire, certains grincent en effet des dents. "Boris Johnson a cédé sur le poisson pour éviter un Brexit sans accord", écrit The Independant. Pour les leaders de l'industrie de la pêche, le verdict est sans appel : "Le Premier ministre a sacrifié les pêcheurs pour conclure cet accord", affirment-ils dans ce quotidien.