Embargo sur le pétrole russe : pourquoi le prix à la pompe ne devrait pas augmenter

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Gauthier Delomez
L'embargo de l'Union européenne sur le pétrole russe acheminé par voie maritime, dans le contexte de l'offensive en Ukraine, entre en vigueur lundi. Doit-on dès lors redouter une explosion des prix à la pompe ? Olivier Gantois, président de l'Ufip, explique pourquoi il ne faut pas s'en inquiéter au micro d'Europe 1.

L'Union européenne réduit drastiquement sa dépendance énergétique à la Russie. Pour sanctionner le pays de Vladimir Poutine de son offensive en Ukraine, Bruxelles active lundi un embargo sur le pétrole russe acheminé par voie maritime, qui vient coïncider avec le plafonnement des prix adopté par l'UE, les pays du G7 et l'Australie. Toutefois, si les consommateurs de ces pays redoutent une explosion des tarifs à la pompe, Olivier Gantois, président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip), rassure dans la matinale d'Europe 1.

"A priori", il ne devrait pas y avoir d'impact sur le prix du baril, affirme-t-il en étayant : "D'abord, cela fait six mois que nous nous préparons à cet embargo décidé début juin par l'Union européenne (...). Et depuis six mois, nos adhérents sont allés acheter du pétrole brut ailleurs qu'en Russie, notamment en Amérique du Nord, au Moyen-Orient. Donc, on n'aura pas de problème de pénurie dans l'approvisionnement du pétrole en France."

Un risque de pénurie quasiment inexistant

Le président de l'organisation professionnelle qui rassemble les sociétés énergétiques et pétrolières (TotalEnergies, Esso, Butagaz...) confirme que cet embargo signifie que la France "ne recevra plus une seule goutte de pétrole brut russe" à partir de lundi. Mais le risque de pénurie dans les stations, comme ce que l'on a connu en septembre-octobre dernier, est bien moins élevé, explique-t-il au micro d'Alexandre Le Mer.

"C'était pour une raison interne à la France", justifie-t-il en allusion au mouvement de grève pour les salaires dans les raffineries et dépôts de l'Hexagone. "Compte tenu de la préparation que nous avons faites avant la mise en place de cet embargo, nous savons que le pétrole brut sera disponible, venant d'ailleurs que de la Russie", appuie Olivier Gantois.

La baisse de la demande mondiale fait baisser les prix

Celui-ci ajoute qu'il n'y a "pas de raison de s'attendre" à un redécollage des prix "parce que depuis le début de l'été, le prix du baril, qui est un prix mondial, a baissé considérablement. On est passé de 120 dollars à 86 dollars le baril aujourd'hui (5 décembre 2022)", rappelle le président de l'Ufip. Qui explique également que "le monde consomme moins de pétrole que prévu. C'est cette baisse de la demande mondiale qui fait baisser les prix", nuançant avec les tarifs qui restent néanmoins encore élevés.

"Il n'y a pas de raison objective que cela augmente dans les jours à venir, même si je ne suis pas capable de prédire précisément ces évolutions", poursuit Olivier Gantois

Une vie sans pétrole russe à long terme ?

Le 5 février 2023, ce sera au tour des produits raffinés russes, dont le diesel, d'être concernés par l'embargo des Vingt-Sept. Idem que pour le pétrole brut, le président de l'Ufip martèle que les entreprises s'y sont déjà préparées. "Cet embargo ayant été décidé depuis début juin, pour l'arrêt des importations de gazole, nous avons eu un peu plus de temps (huit mois). Nous avons pu nous préparer et chercher des approvisionnements de gazole ailleurs qu'en Russie", détaille-t-il, énumérant des importations venant d'Amérique du Nord, du Moyen-Orient, et aussi des raffineries indiennes.

Tout cela pose donc la question d'une vie sans pétrole russe pour l'Union européenne. Est-ce réellement possible à long terme ? "Nous pensons que oui", répond Olivier Gantois. "Encore une fois, cela fait de nombreux mois que nous nous préparons à cette éventualité qui est devenue une réalité. La bonne nouvelle pour les consommateurs français, c'est qu'il n'y aura pas de pénurie ni de pétrole brut qui alimente les raffineries françaises, ni de gazole qui alimente directement les stations-service", rassure le président de l'Ufip sur Europe 1.