Le collectif Sista, fondée par des femmes entrepreneures et investisseuses, a rédigé une charte en partenariat avec le Conseil national du numérique. 1:28
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Une charte, à l'initiative du collectif Sista, a été signée jeudi par plus de 50 fonds d'investissement français. Le but : faire davantage confiance aux start-up fondées par des femmes.

Les femmes sont toujours autant lésées dans le monde de l’entreprise. Celles qui montent des start-up ont en effet 30% de chances en moins de lever des fonds auprès des principaux investisseurs que les hommes. Pourtant, ces même start-up fondées par des femmes rapportent 2,5 fois plus à leurs investisseurs que les start-up masculines. Pour lutter contre ces inégalités, le collectif Sista, fondée par des femmes entrepreneures et investisseuses, a rédigé une charte en partenariat avec le Conseil national du numérique. Plus de 50 fonds d’investissement ont signé cette charte jeudi soir à Bercy, en présence de Marlène Schiappa, Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de Cédric O, Secrétaire d’État chargé du Numérique. 

"Plus souvent prise pour une hôtesse d'accueil que pour une entrepreneure"

"Il m’est arrivé que l’on soit étonné que je sois une femme et par exemple qu’on pose des questions à ma banque d’affaires plutôt qu’à moi", confie Céline Lazorthes, fondatrice de la société des cagnottes en ligne Leetchi. "Sauf que c’est moi l’entrepreneure. Et lors d’événements, on m'a plus souvent prise pour une hôtesse d'accueil que pour une entrepreneure."  

Céline Lazorthes s’est très vite rendu compte que pour faire grandir sa start-up, elle aurait beaucoup plus de difficultés que si elle avait été un homme. Et ces freins, elle les constate depuis des années comme de très nombreuses femmes entrepreneures. "Elles étaient toujours rappelées à leur statut de femme, à leur statut de mère", poursuit-elle. "Et ça, ce sont des choses qui ne sont pas prises en compte quand un homme entrepreneur vient voir un fonds d’investissement. On ne lui demande pas s’il va avoir des enfants, on ne lui demande pas comment il gère sa vie de famille. Et ça, ce sont des choses malheureusement qu’on pose comme questions aux femmes et donc il y a un vrai différentiel." C'est pour toutes ces raisons qu'elle a fondé le collectif Sista avec plusieurs autres femmes entrepeneures. 

Mesurer la part du genre dans le portefeuille des fonds d'investissement 

Avec la signature de cette charte, les règles du jeu sont désormais différentes. Les fonds d’investissement s’engagent à mesurer concrètement quelle est la place du genre dans leurs portefeuilles, c’est-à-dire à combien de femmes ils accordent leur financement. Deuxième mesure : que davantage de femmes intègrent ces fonds d’investissement essentiellement masculins. Enfin, les évaluations au moment de la levée de fonds seront totalement revues. Fini les questions sur la vie de famille ou la maternité pour des femmes entrepreneures. L’objectif fixé est ambitieux : atteindre 25% de start-up françaises financées en 2025 fondées ou cofondées par des femmes. Ce chiffre est actuellement de 5%, d’après Sista et le cabinet BCG.