Crise : le PIB ne doit pas être le seul critère d'analyse, juge l'OCDE

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Thomas Piketty fait partie du groupe d'experts ayant rédigé ce rapport de l'OCDE tout comme Joseph Stiglitz ou encore Jean-Paul Fitoussi. © JACQUES DEMARTHON / AFP
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avec AFP , modifié à
Selon un groupe d'experts de l'OCDE, prendre en compte d'autres données que les PIB peuvent permettre de mieux appréhender les conséquences des crises économiques. 

Mieux mesurer les effets de la crise pour éviter de "graves erreurs" : des économistes, parmi eux le Prix Nobel américain Joseph Stiglitz et le Français Thomas Piketty, appellent à voir plus loin que le PIB dans un rapport publié mardi par l'OCDE. Intitulé Au-delà du PIB (Produit intérieur brut), mesurer ce qui compte pour les performances économiques et sociales, il est rendu public à l'occasion du Forum mondial de l'OCDE sur les statistiques qui se tient dans la cité coréenne de Incheon de mardi à jeudi.

De "graves erreurs" possibles. "Quand on se concentre juste sur ce que l'on a sous la main, on peut faire de graves erreurs de politique économique", a prévenu Martine Durand, directrice des statistiques et des données à l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE). "Si nous avions mieux mesuré les effets de la crise, nous aurions peut-être engagé des réponses politiques qui auraient permis de minimiser ses effets à la fois économiques, politiques et sociaux", a-t-elle ajouté.

"Etudier la santé d'un pays". Dans ce document, les auteurs recommandent aux gouvernements de "mieux mesurer les inégalités", le sujet de prédilection de Thomas Piketty, alors que les statistiques aujourd'hui se limitent au calcul de la croissance du Produit intérieur brut (PIB), qui rend compte de la richesse économique produite chaque année par un pays. "Il faut dépasser le PIB pour étudier la santé d'un pays, en le complétant d'un tableau de bord d'indicateurs qui mette en évidence la répartition des niveaux de bien-être au sein de la société ainsi que la soutenabilité sur les plans social, économique et environnemental", préconisent-ils.

Les auteurs ont tiré les leçons de la crise : "des indicateurs plus adaptés de l'insécurité économique auraient révélé que les conséquences de la récession étaient beaucoup plus lourdes que ne l'indiquaient les statistiques fondées sur le PIB".

Un groupe d'experts qui s'est élargi. Avec ce rapport, le groupe de travail prolonge les travaux présentés en 2009, au cœur de la crise, par les Prix Nobel Joseph Stiglitz et l'Indien Amartya Sen, ainsi que le Français Jean-Paul Fitoussi, à la demande du président français Nicolas Sarkozy. Près de dix ans plus tard, outre Joseph Stiglitz, Jean-Paul Fitoussi et Thomas Piketty, le groupe d'experts inclut d'autres économistes renommés comme le Prix Nobel américain Angus Deaton, également spécialisé dans les travaux sur l'inégalité, ou le Français François Bourguignon, ex-chef économiste de la Banque mondiale.