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La pénurie de puces électroniques s'aggrave, la production automobile mondiale menacée

Aurélien Fleurot, édité par Rémi Duchemin . 3 min

Depuis plusieurs semaines, le grand public découvre le terme de "semi-conducteurs", ces minuscules composants électroniques indispensables, notamment, aux voitures modernes. Dans le monde entier, y compris en France, des usines réduisent leur production, faute de stock suffisant. Et le pire est à venir.

 "C'est ambiance Armaggedon", résume, incrédule, ce spécialiste des semi-conducteurs. La pénurie de ces composants électroniques indispensables au fonctionnement des voitures modernes atteint un niveau jamais vu. Déjà, la crise s'annonçait durable, entre une reprise de la demande en Chine plus rapide et plus forte que prévu et une accélération des ventes de produits tech liée à la crise sanitaire, mais voilà désormais que les éléments s'en mêlent.

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Catastrophes en série

Imaginez, en quelques semaines, une succession inédite : d’abord un tremblement de terre au Japon qui met à l'arrêt l'usine du 1er fabricant japonais, Renesas Electronics, avec pour conséquence trois jours sans produire. Indolore en temps normal, problématique en pleine pénurie. Deuxième coup dur : une vague de froid s'abat sur les Etats-Unis et plus précisément dans la région d'Austin, Texas. Là où se trouvent plusieurs usines de fabrication de semi-conducteurs, celle de NXP, l'un des leaders du marché et celle de Samsung, un autre poids lourd. Là aussi, une mise à l’arrêt et surtout, il faudra au minimum un mois pour relancer la machine. 

Dernière catastrophe en date : vendredi 19 mars, l'usine de Renesas Electronics, dans le nord-est du Japon, est une nouvelle fois stoppée, cette fois en raison d’un incendie. Une machine a pris feu à cause d'un défaut électrique. Résultat : là aussi, il faudra au moins un mois pour relancer la production.

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Des constructeurs sans ressources

Première conséquence directe de cette succession d'événements qui se sont produits au pire moment : les constructeurs japonais Toyota, Honda et Nissan réfléchissent à revoir leur plan de production à la baisse pour 2021. Sur le premier trimestre, cette pénurie pourrait entraîner une réduction de 10 à 20 % de la production prévue. Volvo et Ford, entre autres, ont exprimé leurs inquiétudes et anticipent déjà des pertes. Le constructeur suédois envisage même quatre semaines d'arrêt !

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Côté français, Renault a estimé que l'impact pourrait être de 100.000 véhicules en moins sur l'année. Ce sera même plus dès le premier semestre, glisse une source en interne, qui précise qu'il faudra essayer de se rattraper au maximum au second semestre. Sauf que les prévisions sont de plus en plus pessimistes. "Le pire est devant nous", selon Jérémie Bouchaud, directeurs d'études chez IHS Markit à Londres, en charge du dossier des semi-conducteurs. "Et cela repousse la sortie d'au moins un mois et je pense même plutôt un trimestre entier. Cela dire qu'on ne va pas récupérer les volumes qui n'ont pas été fait avant le début de l'année prochaine".

Les usines françaises au ralenti

En France, l'impact se fait déjà sentir. Au départ, ce sont surtout des séances d'heures supplémentaires le samedi matin qui ont été supprimées, que ce soit sur les sites de Stellantis (PSA), Renault ou Toyota, à Onnaing. Désormais, les jours sans travailler se multiplient. Les usines PSA de Sochaux et de Rennes ont notamment connu des fermetures. Celle de Flins, pour le groupe Renault, va connaître 4 semaines d'arrêt répartis sur les moins de mars et d'avril. La gestion se fait de manière hebdomadaire explique-t-on en interne. C'est même parfois au jour le jour, précise Olivier Lefebvre, délégué syndical central FO-Stellantis. "Les salariés, en fonction de l'approvisionnement en composants électroniques, peuvent venir ou non, travailler. Et donc ils appellent un numéro vert qui leur permet de savoir si le programme de travail est assuré".

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Les conséquences sont très différentes d'un site à un autre. Les constructeurs font des choix, délaissent certains modèles au profit de ceux qui sont les plus demandés ou ceux qu'ils viennent de lancer. Mais même les plus prévoyants commencent à tirer la langue. Toyota bénéficiait d'un stock plus conséquent que ses concurrents, notamment grâce à un partenariat avec Renesas Electronics, dont le constructeur japonais numéro 1 mondial est actionnaire. Sauf que l'incendie de vendredi a changé la donne. "C'était leur arme secrète", précise Jérémie Bouchaud d'IHS Markit. "Elle devait permettre de monter en puissance et même de gagner des parts de marché". Mais l'arme secrète est partie en fumée.