Combien coûterait un Grexit ?

Grèce carte pays dettes
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DETTE - Si l'Eurogroupe de samedi rejette les propositions grecques, il est probable qu'Athènes soit poussé hors de la zone euro. Pour quel coût ?

Les détails du scénario sont mal connus mais les conséquences financières, elles, peuvent être dessinées. Même si rien dans les traités européens ne prévoit la sortie d'un pays de la zone euro, la sortie de la Grèce (Grexit) est devenue une hypothèse plausible pour nombres de responsables européens. Le couperet, lui, ne tombera que samedi, à l'issue d'un Eurogroupe qui va examiner les propositions grecques transmises jeudi soir par Athènes. Et si les créanciers optent pour le Grexit, cela pourrait coûter cher.

#EN FRANCE

Une créance de 40 milliards d'euros. La France est l'un des principaux créanciers de la Grèce. Elle a fourni près de 40 milliards d'euros au Fond européen de stabilité financière (FESF), via, en partie, des prêts bilatéraux. C'est moins que l'Allemagne (60 milliards d'euros) mais plus que tous les autres membres de la zone euro. En cas de Grexit, elle pourra faire une croix sur cette cette créance.

750 euros par Français. Le Premier ministre, Manuel Valls, a pourtant déclaré le 28 juin dernier sur Europe 1 qu'un Grexit "serait grave pour le peuple grec mais l'économie française ne serait en revanche pas affectée". Faux donc mais l'impact pourrait être indolore. Si on répartit les 40 milliards entre tous les Français, la note s'élève à environ 750 euros.

Une étude de l'Ieseg school of Management a, pour sa part, calculé le coût par Français à 1.035 euros. Le calcul inclut là des créances françaises détenues par la Banque centrale européenne d'un montant de 26 milliards d'euros.

Un impact indolore ? Quel que soit le montant, la dette de la Grèce étant en partie étaler sur plusieurs décennies, les impôts des Français n'augmenteront pas mécaniquement en 2015. L'Etat français peut aussi décider de ne pas faire porter aux Français l'impact du Grexit mais ferait ainsi gonfler sa dette. Cette dernière étant déjà de 2.000 milliards d'euros, on parle là d'une goutte dans l'océan.

Pas de danger pour les banques. Les banques françaises, elles, n'ont pas de soucis à se faire puisqu'elles ne sont plus exposées depuis 2012 à la dette grecque, détenue à 80% par des créanciers publics ou institutionnels (Banque centrale européenne, FMI et zone euro).

JOHN THYS / AFP

#ZONE EURO

L'Allemagne, la plus lésée. Selon une étude récente de la banque RBS citée par Les Echos, un Grexit coûterait 237 milliards d'euros à la zone euro, soit 2,3% de son PIB. Bien plus qu'une annulation partielle de la dette grecque qui, elle coûterait 140 milliards d'euros. C'est l'Allemagne, première créancière de la zone euro, qui paierait le plus lourd tribut avec un total de 60 milliards d'euros. L'Italie serait dans une situation similaire à la France. L'Espagne est, elle, engagée à hauteur de 24 milliards d'euros et les Pays-Bas à 12 milliards d'euros.

Supporter la dette de la BCE et du FMI. Les membres de la zone euro pourrait aussi avoir à éponger la créance grecque de la Banque centrale européenne (BCE). Cette dernière a prêté 26 milliards d'euros à Athènes, sans parler des 85 milliards d'euros qu'elle a octroyé depuis plusieurs mois à la Grèce afin d'alimenter ses banques, ces fameux prêts d'urgence.

Certains économistes, enfin, estiment que la zone euro serait aussi en devoir de rembourser la dette d'Athènes auprès du FMI. Les ressources de ce dernier sont en effet issues des États membres en fonction de leur poids dans l'économie mondiale.

Vers une curée de la zone euro ? Mais là où la zone euro a le plus à perdre, c'est sur sa crédibilité. Si la Grèce sort de la zone euro, pourquoi pas l'Italie, puis l'Espagne lourdement endettées ? Les marchés pourraient décider ainsi de s'en prendre à d'autres pays en augmentant les taux d'intérêts des dettes souveraines. La France emprunte actuellement à des taux négatifs, une situation qui pourrait ne pas durer si la zone euro se dissout tel un sucre dans de l'eau chaude.